Depuis quelques années, la Science commence à avoir une meilleure compréhension du système lymphatique, un genre de système de drainage qui pourrait être la clé de la santé humaine. Un jour peut-être, il sera possible d’exploiter le rôle essentiel du système lymphatique dans le maintien de notre santé et ainsi, soigner certaines pathologies majeures.
Plus qu’un simple système de drainage
Qualifié de « réseau secret » de notre corps, le système lymphatique a fait l’objet d’un article complet, publié par le magazine New Scientist le 20 octobre 2025. Ce système prend la forme d’un réseau de vaisseaux (les vaisseaux lymphatiques), de ganglions et d’organes jouant un rôle vital dans le système immunitaire et la circulation des fluides. Le système lymphatique transporte la lymphe – liquide contenant des lymphocytes – afin d’aider à combattre les infections et récupère l’excès de liquide dans les tissus afin de le ramener dans le sang.
Quasiment invisibles, les vaisseaux lymphatiques se trouvent dans quasiment tous les organes du corps. Plus gros que les capillaires sanguins mais plus petits que certaines veines, ceux-ci ont donc pour mission d’évacuer les déchets métaboliques et cellules défaillantes, infectées ou cancéreuses de l’organisme.
La clé du traitement des maladies neurodégénératives ?
Selon Kathleen Caron, biologiste à l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill (Etats-Unis), les vingt dernières années ont été synonymes de renaissance de la biologie lymphatique. L’intéressée pense qu’exploiter le rôle essentiel du système lymphatique dans le maintien de notre santé serait une véritable révolution. Pour Kathleen Caron, le système lymphatique pourrait bien être l’arme secrète pour le traitement de pathologies majeures, par exemple la maladie d’Alzheimer. Par ailleurs, cette idée est récente dans la mesure où les chercheurs ont identifié les vaisseaux lymphatiques dont la mission est de drainer le cerveau, il y a seulement une décennie.
Très endommagés chez les individus d’un certain âge, ces vaisseaux restent en bon état dans la plupart des tissus périphériques. Ainsi, le vieillissement entraînerait une baisse de la capacité de filtration de protéines. Or, ces mêmes protéines peuvent causer des maladies neurodégénératives en cas d’accumulation dans le cerveau. Des expériences menées chez des souris ont démontré qu’en dilatant les vaisseaux lymphatiques drainant le cerveau, il était possible de limiter le déclin cognitif.
Une première étape vers l’exploitation du système lymphatique
Ces conclusions proviennent notamment d’une étude publiée dans le Journal of Clinical Investigation en 2024. Kathleen Caron et son équipe ont travaillé sur le calcitonin gene-related peptide (CGRP), une petite protéine généralement impliquée dans la transmission de la douleur par les neurones et présente en grande quantité dans les méninges (tissus entourant le cerveau). Pour la chercheuse, l’augmentation des niveaux de CGRP a un impact important sur les vaisseaux lymphatiques du cerveau.
Les scientifiques ont également utilisé des techniques de culture cellulaire pour évaluer l’organisation spatiale d’une protéine spécialisée entre les cellules tapissant les vaisseaux lymphatiques. Baptisée VE-cadhérine, celle-ci contribue à maintenir l’adhérence des cellules endothéliales lymphatiques et contrôle la quantité de liquide – le liquide céphalo-rachidien – capable de s’infiltrer entre ces cellules et quitter les vaisseaux.
Ainsi, les biologistes ont découvert que la douleur migraineuse était influencée par des interactions altérées avec les cellules immunitaires mais également, par le CGRP empêchant le liquide céphalo-rachidien de s’écouler des vaisseaux lymphatiques méningés. Ces travaux représentent une première étape vers l’exploitation du potentiel santé du système lymphatique.
