La calvitie androgénétique, ou calvitie héréditaire, touche des millions de personnes dans le monde. Malgré son caractère répandu, les traitements disponibles sont rares, souvent coûteux, et peu satisfaisants pour une majorité de patients. Mais une découverte étonnante vient peut-être de faire basculer le champ de la recherche : un sucre naturellement présent dans notre organisme, le 2-désoxy-D-ribose, pourrait stimuler efficacement la repousse des cheveux.
Un sucre bien connu, une nouvelle fonction inattendue
Le nom vous dit peut-être quelque chose : le désoxyribose est l’un des composants de l’ADN, ce sucre qui, avec le phosphate, constitue la charpente des fameuses doubles hélices de notre matériel génétique. Il est essentiel à la stabilité, à la réplication et à la réparation des cellules. Mais ce que l’on ignorait jusqu’ici, c’est qu’il pourrait aussi jouer un rôle dans la régénération capillaire.
Cette découverte est le fruit d’un hasard heureux. Initialement, les chercheurs ne s’intéressaient pas à la calvitie, mais à la capacité du désoxyribose à améliorer la cicatrisation des plaies, en favorisant la formation de nouveaux vaisseaux sanguins. Ce n’est qu’au cours de ces expériences qu’ils ont observé, chez des souris, une repousse de poils particulièrement rapide. De quoi éveiller leur curiosité.
Une efficacité comparable à celle du minoxidil
Pour tester plus rigoureusement cet effet, les scientifiques ont conçu une étude spécifique sur des souris mâles rendues chauves par traitement hormonal. Ils ont appliqué sur leur peau un gel contenant du 2-désoxy-D-ribose, puis comparé ses effets à ceux du minoxidil, le traitement le plus couramment prescrit contre la calvitie.
Les résultats, publiés dans la revue Frontiers in Pharmacology, sont saisissants : en quelques semaines, le sucre a favorisé une repousse des cheveux équivalente à celle du minoxidil, avec une couverture de 80 à 90 %. Fait intéressant, la combinaison des deux traitements n’a pas produit d’effet supplémentaire, suggérant que le désoxyribose agit via un mécanisme similaire ou saturable.
Les chercheurs pensent que ce sucre agit en augmentant l’apport sanguin autour des follicules pileux, sans pour autant s’appuyer sur la force hormonale comme d’autres médicaments. Ce serait donc une voie plus douce, plus biologique, mais tout aussi prometteuse.

Une alternative naturelle à explorer
En France, les options médicales pour traiter l’alopécie androgénétique – la forme la plus courante de calvitie – reposent principalement sur deux traitements : le minoxidil et le finastéride. Le minoxidil est disponible en application locale (solution ou mousse à 2 % ou 5 %), vendu sans ordonnance, mais sous statut de substance vénéneuse. Il doit être appliqué quotidiennement et de manière continue pour maintenir ses effets, qui varient largement selon les individus.
Quant au finastéride 1 mg, commercialisé sous forme de comprimés ou plus récemment en spray topique (comme FINCREZO), il nécessite une prescription médicale. Bien que parfois efficace, il est aussi associé à des effets indésirables notables, notamment hormonaux et psychiques, qui font l’objet d’une surveillance étroite par les autorités sanitaires.
Dans ce contexte, la perspective d’un traitement alternatif, plus naturel et potentiellement mieux toléré, est particulièrement intéressante. Le 2-désoxy-D-ribose, un sucre naturellement présent dans le corps humain, pourrait offrir une nouvelle voie thérapeutique. En stimulant la vascularisation des follicules pileux, ce composé a permis une repousse significative des poils chez les souris, comparable à celle obtenue avec le minoxidil.
S’il s’avère efficace chez l’humain, il pourrait constituer une solution simple, peu coûteuse et moins invasive, notamment pour les personnes ne répondant pas bien aux traitements actuels ou préoccupées par leurs effets secondaires.
Mieux encore, cette approche pourrait également s’appliquer à d’autres types d’alopécie, comme celle induite par la chimiothérapie. Il reste bien sûr à confirmer ces résultats chez l’humain, mais la piste est suffisamment prometteuse pour justifier des essais cliniques approfondis.
Une promesse qui reste à confirmer chez l’humain
Les résultats obtenus chez la souris sont très encourageants, mais la prudence reste de mise. Rien ne garantit encore que les mêmes effets seront observés chez l’Homme. Des essais cliniques devront confirmer la sécurité, la tolérance et surtout l’efficacité du sucre chez des patients atteints de calvitie androgénétique.
Mais pour les chercheurs, le potentiel est là. « Il s’agit d’un domaine très peu exploré, et de nouvelles approches sont donc nécessaires », rappellent-ils. Le professeur Sheila MacNeil, co-autrice de l’étude, insiste sur le fait que ces travaux pourraient déboucher sur une solution simple, accessible et peu invasive pour des millions de personnes.
