Ce sont quelques-uns des plus anciens bâtiments encore debout

Çatalhöyük
Crédits : Diana Sahina/iStock

Datant d’environ 9 400 ans, Çatalhöyük, dans la Turquie actuelle, abrite certains des premiers bâtiments survivants jamais construits par des mains humaines. Jusqu’à 8 000 personnes vivaient autrefois dans cette colonie néolithique.

Çatalhöyük est un site archéologique inscrit depuis 2012 au patrimoine mondial de l’UNESCO. Vous le retrouverez en Turquie, dans la région de l’Anatolie centrale. Fouillé pour la première fois par l’archéologue britannique James Mellaart dans les années 1960, il possède des milliers de structures architecturales très anciennes, certaines érigées vers 7 400 avant notre ère. Les activités s’y seraient maintenues pendant plus de 2 000 ans.

Un site exceptionnel

Ce qui rend Çatalhöyük si remarquable, c’est son organisation. Au lieu d’avoir des rues et des espaces publics séparés, la cité est en effet composée de maisons d’habitation adjacentes les unes aux autres, formant un agencement complexe de bâtiments imbriqués. Dans une telle configuration, les toits des maisons servaient également de voies de circulation. Des escaliers permettaient ici d’accéder aux niveaux supérieurs.

Sur place, les maisons étaient construites en utilisant des briques d’adobe (un mélange de terre, de sable, de fibres végétales et d’eau). Certains murs sont également décorés de peintures murales représentant des scènes de chasse, des animaux ou des figures humaines. Nous savons aussi que les habitants enterraient leurs morts sous les maisons comme en témoigne la présence de cryptes funéraires au sein de la cité.

Les fouilles à Çatalhöyük ont également révélé des preuves d’une économie agricole développée. Les habitants y cultivaient des céréales telles que le blé et l’orge. Ils élevaient aussi du bétail (principalement des chèvres et des moutons) et chassaient des animaux sauvages. Ils fabriquaient également des outils en pierre, en os et en bois, et produisaient des objets en céramique et en obsidienne.

Selon les archéologues, le site aurait couvert près de 14 000 hectares à son époque. Compte tenu de cette taille, les chercheurs pensent qu’il aurait pu abriter une population de 3 000 à 8 000 personnes. La société de Çatalhöyük semblait également égalitaire. L’absence de bâtiments ou de structures qui auraient pu être utilisés comme temples ou palais pour des dirigeants laisse en effet à penser que les décisions communautaires étaient prises de manière collective.

Çatalhöyük Turquie
Une partie du site préservé de Çatalhöyük. Crédits : Merve Sertoglu Photography/iStock
Çatalhöyük Turquie
Crédits : FSYLN/iStock

Göbekli Tepe est encore plus ancien

Le seul site connu qui soit plus ancien que cette ancienne protoville est Göbekli Tepe. Découvert dans les années 1990 par l’archéologue allemand Klaus Schmidt, le site est composé d’un complexe de structures monumentales, comprenant des cercles de pierres dressées massives, des piliers de pierre richement décorés et des murs ornés de sculptures et de bas-reliefs. Construit par des chasseurs-cueilleurs préhistoriques à une période où l’on pensait que les humains n’avaient pas les compétences nécessaires pour réaliser de tels monuments, Göbekli Tepe avait une fonction religieuse ou cérémonielle.

Notez enfin que bien que ces deux sites soient situés dans le sud de la Turquie moderne, ils ont été construits par deux cultures très différentes. Göbekli Tepe est en effet attribué à une culture préhistorique connue sous le nom de « Culture du Précéramique A ». Celle-ci aurait prospéré entre environ 9600 et 7300 av. J.-C. à l’époque du Néolithique précoce. Elle était composée de chasseurs-cueilleurs. En revanche, Çatalhöyük était une communauté néolithique plus tardive, agraire et sédentaire appartenant à la « Culture du Néolithique céramique précéramique B ».