Illustration de l'atterrisseur Blue Moon Mark 1 de Blue Origin et du VIPER de la NASA sur la surface lunaire. Blue Origin

Ce robot était bon pour la casse… Il détient pourtant la survie de l’humanité sur la Lune

Le programme Artemis de la NASA vise à établir une présence humaine durable sur la Lune, mais pour y parvenir, il faut d’abord comprendre une ressource essentielle : l’eau. VIPER, le rover lunaire spécialement conçu pour détecter la glace d’eau au pôle sud lunaire, représente une avancée scientifique majeure. Après avoir été annulé l’année dernière, ce robot a maintenant une seconde chance grâce à un partenariat avec Blue Origin, qui assurera son transport vers la surface lunaire. Cette mission pourrait bien changer notre manière d’envisager l’exploration spatiale et l’utilisation des ressources lunaires.

VIPER : le chasseur d’eau du pôle sud lunaire

VIPER, ou Volatiles Investigating Polar Exploration Rover, est un rover carré à quatre roues équipé de quatre instruments scientifiques et de phares destinés à explorer les cratères lunaires constamment ombragés. Sa mission principale : localiser et mesurer la quantité de glace d’eau dans certaines zones du pôle sud lunaire, là où la lumière du Soleil ne pénètre presque jamais.

Ces informations sont cruciales pour les futures missions humaines. L’eau peut être utilisée pour produire de l’oxygène et de l’hydrogène, carburant essentiel pour le retour sur Terre ou pour d’autres missions dans l’espace profond. En cartographiant ces ressources sur une période de 100 jours, VIPER permettra aux scientifiques de mieux comprendre l’environnement lunaire et d’identifier les sites d’atterrissage optimaux pour les astronautes.

Comme l’explique Sean Duffy, administrateur par intérim de la NASA, le rover explorera ces régions extrêmes pour éclairer les futurs sites d’atterrissage et soutenir des missions humaines plus longues et plus sûres.

Une mission relancée grâce au secteur privé

VIPER devait initialement être transporté par l’atterrisseur Griffin d’Astrobotic dans le cadre des services commerciaux de charges utiles lunaires. La mission, estimée à 322 millions de dollars, avait déjà subi plusieurs retards et avait finalement été annulée en juillet 2024 pour ne pas compromettre d’autres livraisons vers la Lune. À l’époque, la NASA avait prévu de démonter le rover pour réutiliser ses pièces dans de futures missions, une décision qui avait suscité l’indignation de la communauté scientifique.

Face à ce contexte, la NASA a cherché une solution alternative : confier le transport de VIPER à Blue Origin, à bord de son atterrisseur Blue Moon Mark 1, dont le lancement est prévu en 2027. Cette approche permet de maintenir la mission en vie sans engager de nouveaux budgets massifs, tout en utilisant l’expertise du secteur privé pour garantir la robustesse et la sécurité de l’atterrissage.

Cette collaboration illustre la manière dont l’agence spatiale américaine exploite désormais des partenariats commerciaux pour atteindre ses objectifs scientifiques, tout en optimisant les coûts et les délais.

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Représentation d’artiste du rover VIPER sur la Lune, qui laisse désormais sa place à FLIP. Crédit : NASA/Daniel Rutter

Pourquoi cette mission est stratégique pour l’exploration humaine

Au-delà de la simple recherche d’eau, VIPER joue un rôle clé dans la planification des futures missions humaines. Les données collectées permettront de sélectionner des sites d’atterrissage sûrs et d’évaluer les ressources disponibles pour la production locale de carburant et d’oxygène. L’information sur la glace d’eau est indispensable pour envisager des missions plus longues et plus autonomes sur la Lune, réduisant ainsi la dépendance vis-à-vis des ravitaillements depuis la Terre.

En outre, VIPER représente un exemple concret de la manière dont les technologies robotiques et l’exploration humaine peuvent se compléter. Le rover opérera dans des conditions extrêmes, dans des zones que les humains ne peuvent atteindre sans risques importants. Ses découvertes ne bénéficieront pas seulement aux missions lunaires ; elles fourniront également des données précieuses pour l’exploration de Mars et d’autres corps célestes. Comme l’explique Nicky Fox, administratrice adjointe de la Direction des missions scientifiques de la NASA, l’agence cherche des approches créatives et rentables pour approfondir ses connaissances sur l’eau lunaire et exploiter les ressources locales de manière durable.


VIPER n’est pas seulement un rover ; c’est un catalyseur pour la prochaine étape de l’exploration spatiale humaine. Sa mission permettra de transformer la manière dont nous concevons l’utilisation des ressources lunaires et la planification des missions habitées. Grâce à cette combinaison d’ingéniosité scientifique et de collaboration avec le secteur privé, la NASA assure que la recherche d’eau sur la Lune reste une priorité stratégique, tout en ouvrant la voie à des missions humaines plus sûres et plus durables dans le futur.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.