in

Ce que le maximum thermique du Paléocène-Éocène nous enseigne sur l’avenir

extraterrestre
Crédits : myersalex216/Pixabay

Une étude dirigée par l’Université d’Arizona (États-Unis) restitue avec un niveau de détail sans précédent le climat de la Terre lors de l’épisode hyperthermique de la limite Paléocène-Éocène. En particulier, elle identifie de nombreuses similarités avec le réchauffement projeté pour la fin du siècle. Les résultats ont été publiés dans la revue PNAS ce 10 octobre.

Il y a 56 millions d’années, la température déjà élevée de la Terre augmentait de plus de 5 °C en une dizaine de milliers d’années. On pense que cet épisode extrême est le résultat d’une injection brutale de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère par le volcanisme. Connu sous le nom de maximum thermique du Paléocène-Éocène (PETM), le phénomène a perduré de l’ordre de cent mille ans et s’est accompagné d’extinctions marines et terrestres.

Maximum thermique du Paléocène-Éocène et réchauffement futur : une inquiétante similarité

Le PETM est souvent utilisé comme analogue à ce que pourrait être le climat de la fin du siècle et des siècles suivants si nous engagions une trajectoire socio-économique à fortes émissions de gaz à effet de serre. Afin de mieux apprécier le paysage climatique de la Terre lors de ce coup de fièvre ancestrale, des chercheurs ont compilé les meilleures données paléoclimatiques et de modélisations dont nous disposons pour cette période.

Paléocène-Éocène
Température (gauche) et précipitations (droite) moyennes pendant le PETM. Crédits : Jessica E. Tierney & coll. 2022.

Avec une disposition des terres assez proche de l’actuelle, la comparaison est d’autant plus éclairante. On retrouve un réchauffement plus fort sur les continents et aux pôles, malgré l’absence de calottes, une intensification des moussons, des cyclones tropicaux et des tempêtes hivernales ainsi qu’un assèchement des zones subtropicales. Partant d’un niveau de base déjà élevé, la température moyenne du globe atteint un impressionnant 34 °C. Ces traits sont caractéristiques d’un climat à fort effet de serre.

« Le PETM n’est pas un analogue parfait pour notre avenir, mais nous avons été quelque peu surpris de constater que oui, les changements climatiques que nous avons reconstruits partagent de nombreuses similitudes avec les prévisions futures indiquées dans le dernier rapport du GIEC », rapporte Jessica Tierney, auteure principale de l’étude. « Dans l’ensemble, notre travail nous aide à mieux comprendre notre avenir face au changement climatique ».

Une sensibilité climatique particulièrement élevée

Un autre résultat important de l’étude concerne la sensibilité climatique lors du PETM, c’est-à-dire l’élévation de la température du globe suite à un doublement de la concentration atmosphérique en CO2. Les travaux menés par la chercheuse et son équipe placent cette sensibilité entre 5,7 °C et 7,4 °C, une fourchette sensiblement plus élevée que celle de 2 °C à 5 °C donnée par le GIEC.

Cela «  suggère que la Terre devient plus sensible aux émissions de gaz à effet de serre à mesure qu’elles augmentent », notent les auteurs dans le résumé de l’étude. Toutefois, ce résultat n’est pas directement applicable au réchauffement attendu durant ce siècle mais reste « quelque chose d’important pour penser le changement climatique à plus long terme, au-delà de la fin du siècle », précise la chercheuse.

Damien Altendorf

Rédigé par Damien Altendorf

Habitant du Nord-est de la France, je suis avant tout un grand passionné de météorologie et de climatologie. Initialement rédacteur pour le site "Monsieur Météo", je contribue désormais à alimenter celui de "Sciencepost".