Des chercheurs britanniques ont mis au point un matériau potentiellement révolutionnaire. Ce dernier est capable de stocker l’énergie solaire pendant des mois avant de la restituer. Toutefois, cette restitution ne se fait pas sous forme d’énergie mais de chaleur. Quelles peuvent être les applications de cette innovation ?
Un stockage durant 4 mois minimum
Non couplés à une unité de stockage d’énergie, les panneaux photovoltaïques perdent quelque peu leur intérêt. Il y a quelque temps, Tesla finalisait le plus grand projet de stockage de batterie au lithium-ion du monde, en Australie. Il s’agit là d’une possibilité intéressante mais il existe néanmoins d’autres approches. Dans une étude publiée dans la revue Chemistry of Materials le 25 novembre 2020, des chercheurs de la Lancaster University (Royaume-Uni) ont présenté leur innovation. Ces derniers ont utilisé un composé organométallique (MOF), à savoir des molécules composées de carbone et d’ions métalliques.
À l’origine, ce genre de composé est poreux et peut donc former des matériaux composites avec d’autres petites molécules. Dans le cadre de leurs travaux, les chercheurs ont ajouté des molécules d’azobenzène. Le matériau composite obtenu a montré des propriétés intéressantes. Celui-ci peut stocker l’énergie solaire durant au moins quatre mois à température ambiante. Or, la plupart des matériaux existants sont incapables de dépasser des durées de stockages de quelques jours voire quelques semaines.
Une restitution sous forme de chaleur
Le fait est que l’azobenzène agit tel un commutateur optique, c’est-à-dire une machine moléculaire répondant à un stimulus extérieur comme que la lumière (ou la chaleur). Soumises aux UV, les molécules changent de forme mais structurellement, restent un MOF dont les propriétés de stockage restent efficaces. Néanmoins, l’énergie solaire ne fait pas l’objet d’une conversion en énergie électrique. En effet, celle-ci est restituée sous forme de chaleur. Ainsi, cette méthode pourrait par exemple être utilisée afin de chauffer des bâtiments en ville mais aussi faire office de chauffage principal dans des lieux moins accessibles et potentiellement non connectés au réseau électrique.
Actuellement, le stockage de l’énergie solaire dans des commutateurs optiques se fait dans des liquides. Or, passer à un matériau solide est, selon les meneurs de l’étude, source d’amélioration en termes de stabilité. De plus, le processus de stockage lui-même en ressort simplifié. Les chercheurs pensent que leur innovation est une révolution dans le secteur de l’énergie solaire. Toutefois, leurs travaux montrent également qu’il existe différentes manières d’optimiser ces matériaux. Enfin, malgré l’enthousiasme des scientifiques et le fait que tout est possible, rien n’indique fermement que le matériau en question fasse un jour l’objet d’une commercialisation à grande échelle.