Ce grand prédateur sévissait bien avant les dinosaures

Pampaphoneus biccai dinocéphales prédateur
Crédits : Une illustration de Pampaphoneus biccai dans son environnement de l'époque. Crédits : Márcio Castro

Une équipe annonce avoir identifié les restes bien préservés d’un grand carnivore ayant évolué il y a environ 265 millions d’années dans le sud du Brésil. Nommée Pampaphoneus biccai, cette espèce dominait l’Amérique du Sud en tant que prédateur apex environ 40 millions d’années avant le règne des dinosaures.

De nouveaux fossiles exceptionnels

Les dinocéphales étaient les plus grands prédateurs des communautés terrestres du Permien moyen. Imaginez des créatures de taille moyenne avec des représentants à la fois carnivores et herbivores. La morphologie de ces animaux rappelait un peu celle des reptiles, avec un corps allongé, des membres robustes et des têtes massives munies de dents pointues. Leurs crânes étaient aussi souvent surdimensionnés par rapport au reste de leur corps.

Le seul dinocéphale sud-américain connu jusqu’à présent est Pampaphoneus biccai. Ce taxon n’était jusqu’à présent connu que par son holotype récupéré sur un affleurement de la Formation de Rio do Rasto, dans le sud du Brésil. Dans le cadre de cette nouvelle étude, une équipe décrit la découverte d’un second spécimen dont les restes ont été fouillés dans la zone rurale de São Gabriel. Ces derniers comprennent un crâne de 40 cm de long très bien préservé, ainsi que quelques éléments post-crâniens.

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Crédits : Une illustration de Pampaphoneus biccai dans son environnement de l’époque. Crédits : Márcio Castro

Un prédateur imposant

En raison de la pandémie, il aura fallu près de quatre ans pour que le fossile soit nettoyé et étudié en profondeur. D’après les analyses, ce spécimen était visiblement plus grand que le premier découvert. À en juger par ces restes, les chercheurs estiment que les plus gros individus pouvaient mesurer près de trois mètres de long et peser environ 400 kg.

Pampaphoneus jouait probablement le même rôle écologique que les grands félins modernes. L’animal avait en effet de grandes canines pointues adaptées pour capturer des proies. Sa dentition et son architecture crânienne suggèrent également que sa morsure était suffisamment forte pour mâcher des os, un peu comme les hyènes modernes.

À cette époque, il y a environ 265 millions d’années, ce grand prédateur partageait notamment son environnement avec le Rastodon (un genre de dicynodonte). Ces reptiles herbivores, caractérisés par leur bec corné et leurs dents en forme de défenses, figuraient probablement au menu.

« Cet animal était une bête à l’allure noueuse. Il devait susciter une véritable terreur chez tout ce qui croisait son chemin« , note Stephanie E. Pierce, du Département de biologie organique et évolutive de Harvard. « Sa découverte est essentielle pour donner un aperçu de la structure communautaire des écosystèmes terrestres juste avant la plus grande extinction massive de tous les temps« .

En effet, les dinocéphales ont figuré parmi les nombreuses victimes de l’extinction massive de la fin du Permien qui est aujourd’hui considérée comme la plus grave de l’histoire de la Terre. On estime en effet que près de 96 % des espèces marines y ont succombé, ainsi que de nombreuses espèces terrestres. La cause exacte de cet événement n’est pas encore entièrement comprise, mais de plus en plus de preuves semblent incriminer le volcanisme, en particulier le rôle des émissions de gaz soufrés.

Les détails de ces travaux sont publiés dans le Zoological Journal of the Linnean Society.