Et si tout le monde pouvait voir clairement durant la nuit ? Une équipe internationale indique avoir élaboré un film pour lunettes permettant la vision nocturne. Cette innovation légère et économique pourrait permettre de remplacer les équipements actuels assez encombrants et très coûteux.
Des nano-antennes semi-conductrices
Popularisée dans le cinéma et les jeux vidéo, la vision nocturne passionne un certain nombre de personnes. Certains veulent d’ailleurs en faire une de leurs capacités au quotidien. En 2015 en Californie, des bio-chercheurs ont pu donner la capacité de voir dans le noir à un de leur collègue en injectant du Ce6 (chlore e6) à l’intérieur de son œil. Loin de ce genre de manipulation, une équipe de chercheurs internationaux dirigée par l’Université nationale australienne (ANU) a présenté une innovation surprenante : une simple paire de lunettes permettant la vision nocturne. Leur publication dans la revue Advanced Photonics le 14 juin 2021 évoque une métasurface (ou un film) convertissant la lumière infrarouge vers le spectre visible.
Plus précisément, il s’agit de nanocristaux d’arséniure de gallium (GaAs), que les chercheurs qualifient de nano-antennes semi-conductrices. Leur épaisseur est de quelques centaines de nanomètres seulement, soit cent fois plus fin qu’un cheveu. Par ailleurs, le fonctionnement de ce film est entièrement optique, contrairement à la plupart des équipements actuels. En effet, ces derniers convertissent la lumière infrarouge en signal électrique avant un affichage sur écran.
Un film aux multiples avantages
Le fait est que ce film ne bloque pas la vision normale. En effet, ce dernier agit tel un filtre laissant passer la lumière visible. Autrement dit, ce même film peut s’appliquer de manière très simple sur des lunettes de vue tout à fait banales. De plus, cette innovation ne nécessite aucune alimentation. Elle repose sur un laser minuscule combiné à la lumière infrarouge par les fameux nanocristaux de GaAs. S’il s’agit seulement d’un prototype, les scientifiques estiment que la production en masse de ce film serait peu coûteuse. La police et l’armée pourraient se montrer intéressées, afin de réduire la charge d’équipement que transportent les professionnels.
Il faut dire que l’imagerie infrarouge conventionnelle nécessite l’utilisation de matériaux tels que des semi-conducteurs à bande interdite étroite. Or, ces matériaux sont sensibles au bruit thermique et nécessitent souvent un refroidissement cryogénique. Avec ce film aux nanocristaux d’arséniure de gallium, ces contraintes n’existent pas. Enfin, il n’est pas impossible que ce genre de lunettes à vision nocturne puisse investir un marché bien plus large, à savoir celui du grand public.