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Ce cocktail anti-cancer fait vivre les souris 30 % plus longtemps… Et nous ? On va vite le savoir

Prolonger la vie sans maladie, repousser le vieillissement, améliorer la qualité de nos dernières années : ce rêve d’humanité pourrait être en train de s’approcher à petits pas. Une équipe internationale de chercheurs vient en effet de publier une étude dans la revue Nature Aging, révélant qu’un cocktail de deux médicaments contre le cancer peut augmenter la durée de vie des souris jusqu’à 30 %. Mieux encore, ce duo semble réduire l’inflammation liée à l’âge, retarder l’apparition de certains cancers et influencer l’expression génétique liée au vieillissement. Prometteur, non ?

Deux médicaments bien connus… mais pas pour cette raison

Les deux molécules au cœur de cette découverte sont la rapamycine et le trametinib. Si ces noms vous sont familiers, c’est normal : ils sont déjà utilisés en clinique humaine pour traiter certains cancers. La rapamycine est même à l’étude depuis plusieurs années pour ses effets sur la longévité, chez les levures, les vers, les mouches… et désormais les mammifères.

L’étude, dirigée par des chercheurs de l’University College London et de l’Institut Max Planck de biologie du vieillissement, est la première à tester la combinaison de ces deux médicaments sur des souris vieillissantes.

Les résultats sont sans appel : 15 à 20 % d’augmentation de l’espérance de vie avec la rapamycine seule, 5 à 10 % avec le trametinib, et jusqu’à 29 % lorsqu’ils sont combinés.

Agir directement sur les voies du vieillissement

Ce cocktail agit sur deux voies de signalisation cellulaires distinctes mais essentielles dans le vieillissement et la survenue de maladies chroniques :

  • La rapamycine inhibe la protéine mTOR, impliquée dans la croissance cellulaire, la division, et la mort programmée des cellules. Cette voie joue aussi un rôle majeur dans les maladies métaboliques, les cancers et le déclin cognitif.

  • Le trametinib cible la voie RAS/Mek/Erk, connue pour sa participation à la prolifération des cellules cancéreuses, mais aussi pour son lien avec le renouvellement cellulaire et les réponses inflammatoires.

Pris ensemble, ces médicaments n’agissent pas simplement de façon additive : ils déclenchent des effets uniques sur l’expression génétique, différents de ceux qu’ils provoquent seuls, d’après l’analyse des tissus menée par l’équipe de recherche.

Pas encore une pilule magique, mais…

Attention toutefois : les souris ne sont pas des humains, et il est encore trop tôt pour imaginer un usage généralisé de ces médicaments comme « élixirs de jeunesse ». Cela dit, leur profil est particulièrement intéressant, car ils sont déjà approuvés par la FDA (l’agence américaine du médicament) pour d’autres indications. Cela signifie qu’ils pourraient être testés rapidement dans des essais cliniques sur l’humain.

L’une des auteures principales, Linda Partridge, explique :

« Nous ne nous attendons pas à des résultats aussi spectaculaires chez l’humain que chez la souris, mais notre objectif est d’améliorer la qualité de vie en vieillissant. »

souris cerveau vieillissement

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Une nouvelle génération de traitements anti-âge ?

Cette étude s’inscrit dans un courant de recherche en pleine expansion : celui des « géroprotecteurs », des molécules capables de ralentir le vieillissement biologique ou de prévenir les maladies liées à l’âge comme Alzheimer, certains cancers, ou encore le diabète de type 2.

Le trametinib et la rapamycine pourraient bien devenir les premiers représentants sérieux de cette catégorie. Mais encore faut-il réussir à optimiser leur dosage : le trametinib, par exemple, peut provoquer une perte de poids et des lésions hépatiques chez les souris, ce qui impose de trouver un équilibre entre bénéfices et effets secondaires.

Vivre plus vieux, mais surtout vivre mieux

Derrière cette quête de longévité, les scientifiques visent avant tout une meilleure qualité de vie. Car vivre plus longtemps n’a de sens que si l’on peut rester autonome, lucide et en bonne santé. L’enjeu est donc moins de gagner des décennies que de repousser le plus tard possible l’apparition des maladies chroniques.

Ce cocktail de médicaments, aussi inattendu que prometteur, pourrait bien représenter une première étape vers une médecine préventive du vieillissement. Les recherches à venir nous diront si ces promesses se concrétisent, mais une chose est sûre : la science du vieillissement est en train de changer de visage.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.