Ce champignon génétiquement modifié a été conçu pour décimer les moustiques porteurs du paludisme

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Crédits : Pixabay

Un champignon génétiquement modifié conçu pour réduire les populations de moustiques vecteurs du paludisme a été testé pour la première fois au Burkina Faso, en Afrique de l’Ouest. L’essai a décimé 99 % des insectes en seulement 45 jours.

Nous savons que certaines spores de champignons peuvent se poser sur le corps des moustiques et les infecter. Mais il faut généralement beaucoup de spores pour y arriver. L’idée de cette recherche, dont les détails sont publiés dans Science, était de surcharger la toxicité d’un type de champignon appelé Metarhizium pingshaensei, connu pour cibler les espèces Anopheles gambiae et Aedes aegypti. Tous deux sont vecteurs de maladies, comme le paludisme. L’autre avantage de ce champignon, c’est qu’il ne semble pas nocif pour les autres espèces d’insectes.

« Ces champignons sont très sélectifs, explique Raymond St. Leger, principal auteur de l’étude. Ils savent où ils se trouvent grâce aux signaux chimiques et à la forme des traits du corps d’un insecte. La souche avec laquelle nous travaillons ressemble à celle des moustiques. Lorsque ce champignon détecte qu’il est sur l’un d’eux, il pénètre dans la cuticule puis dans son corps. À côté de ça, il ne pose pas de problèmes pour les autres insectes. Il est donc tout à fait sans danger pour les espèces bénéfiques telles que les abeilles ».

Un environnement simulé

Pour la toxine, les chercheurs se sont appuyés sur celles du scorpion du désert d’Afrique du Nord et de l’araignée à toile-entonnoir australienne. Vint ensuite l’heure des tests. Des premiers essais concluants avaient déjà été menés en laboratoire. Cette fois, les chercheurs testé les champignons dans un environnement extérieur contrôlé, dans une zone rurale du Burkina Faso. À l’intérieur d’une structure blindée ont été disposées trois huttes. L’une d’elles ne contenait aucun champignon, la seconde proposait des champignons non modifiés, et la dernière cabane abritait des champignons génétiquement modifiés.

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Cette structure – MosquitoSphere, a été conçue pour simuler un environnement villageois avec des plantes, des huttes, de petites flaques d’eau et une source de nourriture pour les moustiques. Crédits : Etienne Bilgo

99 % des moustiques décimés en 45 jours

Pour cette étude, 1 000 moustiques mâles et 500 femelles ont été relâchés à l’intérieur de chaque hutte. L’idée consistait ensuite à compter – tous les jours – le nombre de moustiques restants dans le foyer. Après 45 jours, il y avait 1396 moustiques dans la hutte sans champignon et 455 moustiques dans la hutte avec des champignons non modifiés. Mais dans la troisième, seuls 13 insectes adultes résistaient encore. Un nombre qui ne permet pas à l’espèce de se reproduire.

« La simple application du champignon transgénique sur une feuille que nous avons accrochée au mur de notre zone d’étude a provoqué un crash des populations de moustiques dans les 45 jours, explique Brain Lovett, co-auteur de l’étude. Et il est aussi efficace pour tuer les moustiques résistants aux insecticides que les moustiques non résistants ».

Les chercheurs ambitionnent maintenant de poursuivre ces expériences dans le but de pouvoir, prochainement, effectuer de véritables tests en extérieur. Ils notent également que ce nouveau procédé ne vise pas à provoquer l’extinction des moustiques, mais bien à mettre fin à la transmission du paludisme dans une région. On rappelle qu’en 2017, il y a eu 219 millions de cas déclarés dans le monde, entraînant 435 000 décès.

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