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Quand des cassicans flûteurs s’entraident pour enlever leurs traceurs GPS

Cassicans flûteurs
Crédits : fir0002/Wikipédia

En plaçant des trackers sur des cassicans flĂ»teurs, des chercheurs ont Ă©tĂ© tĂ©moins bien malgrĂ© eux d’un exemple sans prĂ©cĂ©dent d’altruisme aviaire. Plusieurs oiseaux se sont en effet entraidĂ©s pour se dĂ©barrasser des dispositifs de suivi. 

Au cours de ces dernières annĂ©es, la miniaturisation des trackers GPS a permis aux chercheurs de mieux apprĂ©hender le comportement d’animaux autrefois considĂ©rĂ©s comme trop petits pour les transporter. Ces informations sont Ă©galement souvent essentielles pour sauver des espèces menacĂ©es.

Du cĂ´tĂ© des oiseaux, les espèces de petite et moyenne taille sont encore gĂ©nĂ©ralement exclues de ces Ă©tudes, ces trackers pouvant reprĂ©senter une gĂŞne malgrĂ© leur miniaturisation. Or, il serait contraire Ă  l’Ă©thique de les alourdir plus qu’ils ne peuvent supporter. D’autre part, les donnĂ©es recueillies ne seraient finalement pas reprĂ©sentatives, le comportement de ces animaux Ă©tant modifiĂ© par le poids du pisteur.

Ainsi, de nombreux oiseaux de la famille des passereaux ne peuvent ĂŞtre suivis par GPS. Cependant, les cassicans flĂ»teurs, aussi appelĂ©s « pies australiennes » (sans rapport avec les pies de l’hĂ©misphère nord) sont des passereaux si grands qu’ils devraient ĂŞtre capables de supporter des traqueurs sans ĂŞtre dĂ©rangĂ©s. Des chercheurs s’y sont donc essayĂ©s. Toutefois, ils ont rencontrĂ© des problèmes.

Plus de GPS en trois jours

Pour Ă©viter d’avoir Ă  capturer les oiseaux deux fois, pour placer et retirer chaque dispositif, les chercheurs ont ici conçu un harnais contenant un mĂ©canisme de libĂ©ration rapide provoquant le dĂ©tachement des trackers lorsqu’ils se trouvent Ă  proximitĂ© d’un aimant. Ce dernier Ă©tait placĂ© près d’une station d’alimentation de manière Ă  pouvoir libĂ©rer le dispositif le moment venu. La mĂŞme station disposait Ă©galement d’appareils capables de recharger les batteries des trackers et de tĂ©lĂ©charger des donnĂ©es sans fil.

Sur le papier, tout avait donc Ă©tĂ© fait pour recueillir un maximum de donnĂ©es tout en veillant Ă  ne pas dĂ©ranger les oiseaux. Les chercheurs Ă©taient très fiers de leurs dispositifs, mais ils n’avaient pas anticipĂ© la combinaison d’intelligence, de comportement social et de prĂ©fĂ©rences apparentes de confidentialitĂ© des cassicans.

En effet, quelques jours seulement après avoir Ă©tĂ© relâchĂ©s, ces oiseaux ont commencĂ© Ă  picorer leurs propres traqueurs pour les enlever. La plupart avaient du mal, mais d’autres venaient souvent Ă  la rescousse pour les aider. Très vite, les cassicans ont finalement trouvĂ© le point de faiblesse du harnais et, en trois jours, les cinq oiseaux suivis ont Ă©tĂ© libĂ©rĂ©s de leur GPS.

flûteurs
Le dispositif de libĂ©ration du tracker par aimant pensĂ© par les chercheurs. En rĂ©alitĂ©, il n’a mĂŞme pas servi. CrĂ©dits : Dominique Potvin

Une preuve d’altruisme ?

Bien qu’ils n’aient pas obtenu les donnĂ©es qu’ils espĂ©raient, l’Ă©quipe de scientifiques a sans doute obtenu quelque chose de plus important. En effet, les exemples de libĂ©ration dont les scientifiques ont Ă©tĂ© tĂ©moins impliquaient des cassicans portant un tracker ayant Ă©tĂ© libĂ©rĂ©s par des homologues non suivis. Or de tels rapports d’altruisme (aider un autre sans rĂ©compense immĂ©diate) sont quasi inexistants chez les oiseaux.

L’Ă©quipe de chercheurs soupçonne Ă©galement que les oiseaux aient montrĂ© des compĂ©tences en rĂ©solution de problèmes en identifiant le seul point faible du harnais. Il est probable qu’un tel degrĂ© d’intelligence (qui reste Ă  confirmer) combinĂ© Ă  des liens sociaux très forts puisse pousser les membres de leurs groupes Ă  s’entraider.