On éternue pour expulser des irritants des voies nasales, tels que la poussière, le pollen, les poils d’animaux ou des agents pathogènes (virus, etc.). Il s’agit avant tout d’une réaction réflexe du corps pour protéger les poumons et maintenir les voies respiratoires dégagées. En présence de ces irritants, le système nerveux va alors naturellement déclencher une série de réactions musculaires rapides, propulsant ainsi de l’air et des particules hors du nez et de la bouche à grande vitesse (jusqu’à 15,9 m/s).
Toutefois, si les éternuements remplissent un objectif bénéfique pour l’organisme et le soulagent immédiatement, ils peuvent au passage ne pas le laisser totalement indemne. Le fait d’éternuer (tout comme le fait de retenir l’éternuement) comporte en effet son lot de risques dont un Américain a récemment fait les frais au cours d’un simple petit-déjeuner comme le rapportait l’Université de Floride dans la revue American Journal of Medical Case Reports le 20 juin dernier.
Les risques quand on éternue
Bien que cela soit dans la grande majorité des cas inoffensif, éternuer peut dans de rares cas causer des blessures, surtout si l’éternuement est très violent. Cette pression intense et soudaine peut provoquer des douleurs musculaires ou des fractures de côtes ou des os autour des yeux, en particulier chez les personnes âgées ou fragiles. Les éternuements puissants peuvent aussi entraîner un pneumothorax (où l’air s’échappe des poumons dans la cavité thoracique). De plus, la forte pression peut endommager les petits vaisseaux sanguins, provoquant des saignements de nez ou des éclats de vaisseaux dans les yeux, ou laisser de l’urine s’échapper si le muscle pelvien est affaibli après une grossesse, la ménopause ou en cas de surpoids par exemple.
Dans les cas d’obésité morbide, de diabète, de tabagisme ou encore de maladie pulmonaire obstructive chronique, un éternuement particulièrement violent peut aussi notamment favoriser les risques de hernie pulmonaire (une saillie du poumon à l’extérieur de la paroi thoracique). Cela peut également causer un déchirement des tissus du poumon à cause des pressions élevées. Un éternuement très violent peut par ailleurs entre autres augmenter la pression intracrânienne, ce qui, bien que rare, peut provoquer la rupture d’un anévrisme cérébral, entraînant une hémorragie cérébrale. Cela peut alors être fatal si ce n’est pas traité à temps. Parfois, certaines personnes développeront néanmoins simplement des troubles visuels ou une sensation de faiblesse dans une partie du corps après l’éternuement.
De même, il y a eu quelques rapports de cas rares où l’éternuement était associé à une dissection aortique (l’artère principale du corps qui amène le sang depuis le cœur vers le reste de l’organisme), un problème qui peut mener à la mort dans les deux jours qui suivent dans 50 % des cas sans soin.
Se retenir, ce n’est pas mieux…
Au vu des risques, l’on peut se sentir tenté de retenir l’éternuement. Il s’agit toutefois d’une très mauvaise idée. En effet, se pincer les narines et fermer la bouche peut augmenter de cinq à vingt-quatre fois la pression par rapport à un éternuement. Or, la pression dans les voies respiratoires supérieures s’élève déjà à pas moins de 1 à 2 kPa (kilopascals) au moment d’éternuer. Et toute cette pression doit bien aller quelque part, si bien que les tissus doivent l’absorber avec, là encore, des risques de blessure avérés.
Récemment, le fait de se retenir a ainsi occasionné un déchirement de la trachée chez un patient. D’autres peuvent quant à eux se briser les os du visage, abîmer leur larynx ou arracher les tissus qui protègent les poumons. Par ailleurs, globalement, notre corps est bien équipé pour faire face aux éternuements. Mieux vaut donc s’y adonner à loisir, car les dangers sont très rares et limités.
Le cas d’un Américain de 63 ans qui éternue et pour qui cela tourne mal
Pour ce sexagénaire originaire de Floride, les éternuements ont mal tourné le 28 mai dernier. Après un cancer de la prostate, l’homme avait en effet subi des complications qui ont notamment mené à une cystectomie (une ablation de la vessie). Ce matin-là, il était retourné à la clinique quinze jours après l’opération où on lui avait annoncé que l’incision avait bien cicatrisé. Avec sa femme, il avait donc décidé de se rendre au restaurant pour célébrer la bonne nouvelle devant un bon petit-déjeuner.
Toutefois, une fois à table, il se mit à éternuer et tousser, ce qui fit tourner court le petit repas en amoureux. Il expliqua en effet avoir alors ressenti une « sensation d’humidité » accompagnée peu après d’une « douleur aiguë ». C’est en soulevant sa chemise qu’il se rendit compte que près de huit centimètres de ses intestins dépassaient en dehors de sa plaie chirurgicale. On parle alors de déhiscence (lorsqu’il y a ouverture ou rupture anormale d’un tissu en cours de cicatrisation [muscle, derme, os, etc.]).
Un cas pas si rare et qui se termine bien
Ce type de cas n’est pas rare. Comme le rappelle l’étude qui rapporte le cas, trois personnes sur cent verront le site chirurgical se rouvrir après une chirurgie abdominale ou pelvienne. Néanmoins, c’est encore plus commun pour les personnes plus âgées chez qui cela survient dans 10 % des cas. Et la toux est déjà reconnue comme un facteur de risque. Or, cela peut être mortel à cause de la perte de sang induite ainsi que de la douleur intense et prolongée pouvant survenir. Les organes exposés peuvent aussi subir des lésions graves.
Fort heureusement, pour cet Américain, tout se finit bien. En effet, après avoir été rapidement transporté à l’hôpital en ambulance, les chirurgiens réussirent à remettre les « grandes quantités d’intestins » à leur place dans l’abdomen. Après six jours de convalescence, l’homme a par ailleurs pu retourner chez lui sans subir la moindre complication depuis.
Vous pouvez découvrir le cas plus en détail dans l’étude à consulter ici.