Une « carte de la vie » pour isoler les espèces encore non découvertes

forĂŞt carte vie
Crédits : LUM3N/pixabay

On Ă©tablit gĂ©nĂ©ralement des cartes pour documenter ce que l’on sait, mais mĂŞme après des siècles d’efforts, notre catalogue du vivant comporte encore trop de pages blanches. En temps de crise, cette nouvelle « carte de l’inconnu » pourrait permettre de sauver ce qui peut encore l’ĂŞtre.

Une carte pour sauver des espèces

Il y a neuf ans, des chercheurs de l’UniversitĂ© de Yale ont Ă©tabli une « carte de la vie » visant Ă  proposer des modèles de biodiversitĂ© dans un contexte gĂ©ographique. En rĂ©alitĂ©, il s’agit d’une carte thermique de la vie animale. DĂ©sormais, ces mĂŞmes chercheurs proposent de dĂ©finir les zones terrestres susceptibles d’abriter les espèces inconnues de la science. L’objectif est que ces animaux puissent ĂŞtre documentĂ©s avant qu’ils ne disparaissent.

« Des estimations prudentes suggèrent que seulement 13 Ă  18% de toutes les espèces vivantes sont connues Ă  ce stade, bien que ce nombre puisse ĂŞtre aussi bas que 1,5%« , expliquent les auteurs. « Sans inclusion dans la prise de dĂ©cision en matière de conservation et autres engagements internationaux, ces espèces [non dĂ©couvertes] et leurs fonctions peuvent ĂŞtre perdues Ă  jamais dans l’ignorance« .

Isoler les potentiels berceaux de découvertes

Dans le cadre de ces travaux, publiĂ©s dans la revue Nature Ecology & Evolution, les chercheurs se sont appuyĂ©s sur plus de 32 000 espèces de quatre classes animales diffĂ©rentes (amphibiens, reptiles, mammifères et oiseaux) pour tenter de dĂ©terminer le nombre d’espèces encore non dĂ©couvertes, ainsi que leurs zones d’Ă©volution potentielles.

« En utilisant des modèles pour identifier les facteurs biologiques et environnementaux des dĂ©couvertes rĂ©centes, nous sommes en mesure de faire des prĂ©dictions assez fiables quant Ă  la part des dĂ©couvertes futures qui pourraient se produire dans des groupes raisonnablement grands d’espèces (par exemple, des familles d’amphibiens) et des rĂ©gions (par exemple, l’Atlantique RĂ©gion forestière du BrĂ©sil)« , dĂ©taille Walter Jetz, principal auteur de ces travaux.

Grâce Ă  ces modèles, les chercheurs ont estimĂ© sans surprise que de nombreuses espèces Ă©taient encore non cataloguĂ©es sur Terre. Celles-ci se trouveraient en particulier dans les forĂŞts tropicales d’Asie du Sud-Est et du nord-ouest de l’AmĂ©rique du Sud. Ces nouvelles donnĂ©es renforcent ainsi le besoin urgent de protĂ©ger ces potentiels « berceaux de dĂ©couvertes » en limitant les taux de dĂ©forestation.

Ă€ l’avenir, ces nouvelles donnĂ©es pourront Ă©galement amener les Ă©quipes de recherche Ă  se pencher spĂ©cifiquement sur les zones oĂą elles sont plus susceptibles de rencontrer des espèces inconnues. Le produit cartographique peut ĂŞtre vu ici.

carte vie déforestation
Crédits : Free-Photos/pixabay

« C’est un projet fascinant qui rassemble une multitude d’ensembles de donnĂ©es sur la distribution des espèces et nous permet de mieux connaĂ®tre les modèles de biodiversitĂ© sur la planète« , souligne Mario Moura, biologiste Ă  l’UniversitĂ© de ParaĂ­ba au BrĂ©sil. « Nous espĂ©rons motiver les scientifiques citoyens et les passionnĂ©s de biodiversitĂ© sur l’importance de la dĂ©couverte des espèces et dĂ©clencher les discussions et les accords de la part des responsables de la prise de dĂ©cision et de la planification de la conservation« .