Une carte pour visualiser la répartition des abeilles à travers le monde

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Crédits : DerWeg/pixabay

Une étude publiée aujourd’hui dans Current Biology nous révèle que les abeilles évitent les écosystèmes tropicaux humides, préférant s’installer dans des paysages secs, pauvres en arbres, loin de l’équateur et des pôles.

Les abeilles retiennent énormément d’attention depuis plusieurs années. Et pour cause, les menaces qui pèsent sur ces insectes – qui jouent un rôle crucial dans nos écosytèmes – sont nombreuses et dangereuses. Ceci dit, et de manière un peu étonnante, les scientifiques en savent encore peu sur leur répartition à l’échelle mondiale. Où vivent les abeilles, précisément ? Le comprendre est essentiel si nous voulons les protéger. Dans cet esprit, une équipe de l’Académie chinoise des sciences s’est penchée sur la question. De ces recherches est née une carte inédite.

« Personne, à ma connaissance, n’avait essayé de produire une carte de la diversité des abeilles auparavant », explique Paul Williams, entomologiste au Natural History Museum de Londres qui n’a pas participé aux travaux. « Je pense que c’est un pas fantastique dans la bonne direction ».

Un vrai challenge

De manière générale, cartographier la répartition des animaux à l’échelle mondiale est un vrai défi, mais les choses deviennent compliquées avec les insectes tant les données manquent où sont inégales. Dans le cadre de cette étude, l’équipe s’est concentrée sur près de six millions de documents publics témoignant de la présence d’abeilles dans le monde, à partir de cinq bases de données open source accessibles au public.

Ceci dit, ces archives publiques open source peuvent contenir quelques erreurs. Une abeille pourrait par exemple être enregistrée au mauvais endroit, où le nom d’une espèce peut parfois être mal orthographié, de sorte qu’elle se retrouve enregistrée en tant que nouvelle espèce. « Les abeilles ne sont pas comme les oiseaux – elles sont vraiment difficiles à identifier », confirme Daniel Cariveau de l’Université du Minnesota, qui n’était pas impliqué dans la recherche.

Les chercheurs ont ainsi comparé ces informations avec une liste de contrôle des espèces compilée par l’entomologiste John Ascher, disponible sur DiscoverLife. Concrètement, il s’agit d’une encyclopédie de la diversité mondiale des espèces s’appuyant sur des observations vérifiées, des spécimens collectés et des enregistrements publiés. De cette manière, les chercheurs ont pu éliminer les erreurs d’identification et autres points de localisation inexacts. Grâce à toutes ces données, ils ont créé une carte aussi précise que possible.

Celle-ci, visible ci-dessous, nous révèle que la majorité des espèces d’abeilles s’intègrent dans deux bandes « tempérées » à travers le monde, avec davantage d’espèces dans l’hémisphère nord. Alors que la plupart des espèces végétales et animales sont localisées dans les zones tropicales, les abeilles, elles, évitent apparemment ces écosystèmes, ainsi que les zones plus froides situées près des pôles.

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Crédits : Orr et al. / Current Biology

Comment expliquer cette répartition ?

D’après l’entomologiste Paul Williams, le fait que les abeilles évitent les environnements tropicaux et forestiers est probablement lié à l’abondance de nourriture et au choix de nidification. La plupart des abeilles, d’une part, ne sont pas des productrices de miel. Elles vivent souvent seules. Et parce que beaucoup de ces espèces solitaires nichent dans le sol, les terres gorgées d’eau des environnements tropicaux pourraient détruire leurs réserves de nourriture à cause de la contamination fongique, menaçant ainsi leur survie.

L’humidité n’est pas la seule raison pour laquelle les abeilles semblent s’éloigner des écosystèmes tropicaux. Les environnements plus secs, d’autre part, proposent aussi de grandes fleurs (après des épisodes pluvieux) capables de supporter un grand nombre d’abeilles à la fois. Ces insectes peuvent alors se nourrir, mais aussi exploiter ces ressources pour faire des réserves de pollen pendant les saisons plus chaudes et plus sèches.