En Allemagne, une usine spéciale fabrique du biochar, un charbon d’origine végétale capable d’absorber le CO2. Or, l’usine en question élabore son biochar avec une ressource jusqu’ici inédite : le cacao, ou plutôt la coque de cacao.
Qu’est-ce que le biochar ?
Contraction de « bio-charcoal », le terme biochar désigne un charbon d’origine végétale que l’on obtient par transformation thermique (pyrolyse ou gazéification) de différentes sources de biomasse. Parmi ces sources, nous retrouvons des résidus de récolte, des sous-produits de la filière bois, des déchets verts, des déjections solides ou encore des déchets alimentaires. Le biochar se caractérise par sa structure poreuse et sa teneur élevée en carbone. Il est actuellement très utilisé en tant qu’amendement du sol et offre de nombreux avantages, comme l’amélioration de la fertilité et de la rétention d’eau des sols, mais aussi de leur structure et de leur biodiversité.
Aujourd’hui, on considère de plus en plus le biochar comme étant un allié de poids dans la lutte contre le réchauffement climatique. Il faut dire que le matériau est une forme de stockage du carbone durable et reste stable dans le sol durant des centaines d’années. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) considère d’ailleurs le biochar comme étant une solution viable. Les estimations sont là pour en témoigner : il pourrait potentiellement stocker plus de 2,5 milliards de tonnes de CO₂ chaque année sur le total de 40 milliards que l’humanité émet.

Un biochar de cacao
Un article publié par France 24 le 4 juin 2023 décrit les activités de Circular Carbon, une société basée à Hambourg (Allemagne). Employant une quarantaine de salariés, l’usine utilise des coques de cacao pour la confection de son biochar. Les salariés reçoivent via un réseau de tuyaux des déchets de production d’une usine de chocolat voisine (les fameuses coques) dans un silo. Ensuite, les coques sont chauffées à plus de 600°C sans oxygène afin d’éviter toute combustion (pyrolyse). À la fin de ce processus, une poudre noire emprisonnant le CO2 du cacao est obtenue : le biochar. Sans cette opération, le carbone que contenaient ces coques se serait évaporé dans l’atmosphère.
Le biochar a longtemps été utilisé par des civilisations précolombiennes comme fertilisant, mais il a été « redécouvert » il y a seulement quelques années. À l’heure de la lutte contre le réchauffement climatique, les projets se multiplient donc naturellement autour de ce charbon végétal.
D’ailleurs, des chercheurs américains ont dernièrement dévoilé un nouveau béton capable d’absorber plus de CO2 qu’il n’en émet pour sa fabrication. Or, la recette de ce béton contient du biochar traité avec des eaux usées. Ceci prouve que le biochar peut avoir des applications multiples en matière de stockage de CO2. Ici, il s’agit de réduire l’impact environnemental du béton qui est une source importante d’émissions de gaz à effet de serre.
