Les barrages hydroélectriques produisent une quantité importante de méthane, un puissant gaz à effet de serre. Plusieurs start-up tentent donc de mettre au point une technologie qui permettrait de capter ce gaz pour le réutiliser comme source d’énergie.
Capturer le méthane des masses d’eau
En 2022, une étude pilotée par l’Université du Québec à Montréal (Canada) affirmait que les barrages hydroélectriques sont responsables d’environ 6 % des émissions de méthane (CH4) sur la planète. De plus, ces installations continuent de polluer jusqu’à deux décennies après leur construction.
Il faut savoir que le méthane persiste dans l’atmosphère une douzaine d’années en moyenne, alors que le CO2 peut y demeurer près d’un millénaire. Toutefois, le méthane a malheureusement un pouvoir réchauffant 86 fois supérieur à celui du CO2. Rappelons aussi qu’il est émis par des bactéries qui dégradent la matière organique notamment présente au fond des réservoirs, ces larges zones inondées volontairement (auparavant végétalisées) pour faire tourner les turbines produisant l’électricité.
Dans ce contexte, des start-up telles que Bluemethane basée à Londres tentent de se distinguer, comme l’explique BBC Future dans un article publié le 27 mars 2024. Son objectif est en effet de développer une technologie capable de capturer le méthane des masses d’eau comme les réservoirs d’installations hydroélectriques ou encore les stations d’épuration. Après avoir capturé le méthane, le but est de l’exploiter comme source d’énergie.
Pourquoi cette innovation est-elle intéressante ?
Avec la collaboration de l’Université de Cranfield (Royaume-Uni), Bluemethane pratique des tests à l’aide d’un conteneur couleur rouille de six mètres de long, dans lequel l’eau dégringole par gravité à travers une série de tuyaux et de conteneurs. Ce dispositif permet le développement d’une technologie qui capture le méthane avant sa réutilisation. Le méthane peut ensuite servir au chauffage, à la production d’électricité ou encore en tant que carburant pour véhicules. Il est également possible de le convertir en piles à combustible afin de produire de l’électricité.

En parallèle, Bluemethane mesure les émissions de méthane dans une vingtaine de réservoirs, notamment dans des pays tels que le Brésil et le Cameroun où l’hydroélectricité est une importante source d’énergie. L’objectif est de comprendre quelles sont les zones susceptibles d’avoir le plus besoin de cette technologie lorsqu’elle sera au point.
Enfin, il est important de rappeler que le fait d’utiliser le méthane à des fins énergétiques finit par libérer du CO2 dans l’atmosphère, et ce, peu importe la méthode utilisée. En revanche, cette quantité de CO2 n’est pas plus importante que celle émise naturellement par la matière organique qui se décompose au fond des réservoirs.
