Les premiers poissons auraient pu marcher beaucoup plus tôt que prévu

Crédits : Capture YouTube / Science Magazine

Certaines des premières créatures marines capables de marcher n’ont visiblement pas profité de leur nouvel avantage évolutif, préférant finalement rester dans les océans.

La capacité des poissons à marcher serait-elle née beaucoup plus tôt que prévu ? Une récente étude semble en effet nous le prouver. Cette dernière est basée sur l’analyse génétique des cellules du cerveau d’une petite raie (Leucoraja erinacea), l’un des animaux les plus anciens à être doté d’une épine dorsale. Il s’avère que les systèmes cérébraux contrôlant son mouvement sont très similaires à ceux trouvés chez les mammifères. Il y a plusieurs centaines de millions d’années, certaines créatures marines ont peut-être alors été capables d’apprendre à « marcher », sans pour autant tenter leur chance hors des océans.

« Les réseaux nerveux nécessaires à la marche étaient considérés comme uniques aux animaux terrestres qui ont migré des poissons il y a environ 380 millions d’années », note Catherine Boisvert, de l’Université Curtin en Australie, et principale auteure de cette étude. « Mais notre étude suggère que cette petite raie et quelques requins primitifs avaient déjà ces réseaux de neurones en place ». Elle est en fait le dernier ancêtre commun des requins et des mammifères, et cette histoire génétique remonte jusqu’à 400 millions d’années environ. La capacité des poissons à marcher serait ainsi née environ 50 millions d’années plus tôt qu’on ne le pensait.

Cette petite créature n’a pas de pattes, mais deux paires d’ailerons. Les grandes nageoires pectorales sont utilisées pour la nage, mais les nageoires pelviennes plus petites lui permettent de marcher au fond de l’océan, avec une alternance de mouvements gauche/droite. « On a généralement pensé que la capacité de marcher était quelque chose qui avait évolué à mesure que les vertébrés passaient de la mer à la terre », explique l’un des chercheurs, le neurobiologiste Jeremy Dasen, de la faculté de médecine de l’Université de New York. « Nous avons été surpris d’apprendre que certaines espèces de poissons peuvent aussi marcher, en présentant un développement neuronal et génétique quasiment identique à celui utilisé par les vertébrés supérieurs, y compris les humains ».

Ainsi, il semblerait que la capacité à marcher serait née au plus profond de l’océan et non sur terre. Ce que l’étude ne résout pas, c’est de comprendre pourquoi ces petites créatures n’ont pas utilisé leurs nouveaux talents pour faire de l’exploration terrestre. Trop paresseuses ? Pas de bonne occasion ? Ou peut-être l’ont-elles fait, mais que toutes les preuves fossiles ont finalement disparu ?

Vous retrouverez tous les détails de cette étude dans la revue Cell.

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