Dans la chapelle Sixtine, une des fresques de Michel-Ange, peinte il y a plus de 500 ans, semble révéler un signe de cancer du sein chez l’un des personnages féminins. Cette découverte, faite par un groupe de chercheurs en médecine légale et en histoire de l’art, soulève des questions fascinantes sur les connaissances médicales et les choix artistiques du grand maître de la Renaissance. Ce détail inattendu nous permet d’explorer comment cet artiste connu pour sa maîtrise de l’anatomie humaine aurait pu représenter des signes d’une maladie grave qui touche encore aujourd’hui des millions de personnes.
Contexte de l’œuvre : Le Déluge de Michel-Ange
Le Déluge est l’une des premières fresques de la chapelle Sixtine où Michel-Ange représente la scène biblique de l’inondation, issue du livre de la Genèse. Dans cette fresque, l’artiste imagine le désespoir et la peur des humains condamnés à périr tandis qu’en arrière-plan, l’arche de Noé flotte sur les eaux montantes. C’est une scène pleine de mouvement où des figures nues de tous âges et de tous genres essaient désespérément de survivre. Bien que moins connue que La Création d’Adam, cette peinture est une part essentielle de l’œuvre magistrale du peintre dans cette chapelle emblématique.
C’est dans cette fresque que les chercheurs ont repéré un détail anatomique intrigant parmi les nombreux personnages. Le sein droit d’un personnage féminin présente en effet des anomalies visibles : des bosses et une rétraction de la peau. Alors que le sein gauche semble en parfaite santé, la différence est frappante et semble avoir été intentionnellement peinte de cette manière.
Un signe de cancer ?
Les chercheurs en sont venus à s’intéresser à cette différence grâce à une discipline en pleine expansion appelée iconodiagnostic. Cette approche permet d’identifier des signes de maladies dans les œuvres d’art en étudiant attentivement les caractéristiques anatomiques peintes par les artistes. Le professeur Andreas Nerlich de l’université Ludwig-Maximilians de Munich et son équipe se sont donc penchés sur l’état de ce sein malade pour voir s’il correspondait aux symptômes d’une pathologie connue.
Selon leur analyse, les bosses sur la partie supérieure du sein rappellent des ganglions enflés, tandis que la rétraction de l’aréole est typique d’un carcinome du sein. En outre, une légère décoloration visible sur un côté du sein droit est probablement un effet artistique, sans lien avec les symptômes. À leurs yeux, les éléments sont suffisamment cohérents pour penser que Michel-Ange aurait représenté un cancer du sein, bien qu’il soit impossible de l’affirmer avec certitude.
Pourquoi Michel-Ange aurait-il peint un cancer ?
Pourquoi Michel-Ange aurait-il inclus une maladie grave comme le cancer dans cette scène religieuse ? L’art de la Renaissance ne cherchait pas seulement à représenter la beauté ; il s’attachait aussi à dépeindre la réalité humaine avec ses imperfections. Montrer des maladies dans l’art était notamment souvent une manière de symboliser les faiblesses humaines ou les conséquences du péché. Il est donc possible que ce sein malade soit une représentation symbolique de la vulnérabilité humaine ou de la punition divine.
Cependant, le cas de cette femme reste mystérieux. Rien n’indique en effet qu’elle incarne un péché particulier et la scène n’insiste pas non plus sur l’idée de punition. La fresque dépeint un groupe de personnes prises dans le chaos, sans jugement apparent. Ce choix pourrait donc simplement refléter la volonté de Michel-Ange de représenter la réalité telle qu’il la percevait.
Enfin, nous savons aussi que Michel-Ange a étudié l’anatomie dès son jeune âge. À cette époque, les autopsies étaient une méthode d’apprentissage, que ce soit pour les artistes ou pour les médecins. Michel-Ange y aurait de son côté participé dès ses dix-sept ans pour perfectionner sa représentation du corps humain. Ce savoir anatomique pouvait lui donner des indices sur certaines maladies, même s’il n’était pas médecin lui-même.
En montrant une affection aussi grave que le cancer, Michel-Ange pourrait donc simplement avoir voulu rappeler à son époque la réalité de cette maladie, dont la gravité était bien comprise, bien qu’aucun traitement efficace n’existait.