Une étude suggère que la protonthérapie, qui vise à la destruction des tumeurs cancéreuses, entraîne beaucoup moins d’effets secondaires que sa cousine généralement utilisée : la radiothérapie.
Selon les données du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), plus de la moitié des patients atteints d’un cancer en France sont soignés par radiothérapie. La technique vise à cibler une tumeur en utilisant un faisceau étroitement ciblé. Ce rayonnement ionisant détruit alors les cellules cancéreuses en fragmentant leur ADN.
La méthode la plus souvent utilisée est celle des rayons X. Des photons énergétiques sont alors délivrés via des faisceaux sous différents angles pour se concentrer au niveau de la tumeur. Le problème, c’est qu’une partie de ces photos « déborde » sur les cellules saines environnantes, endommageant également leur ADN.
Par ailleurs, la méthode entraine bien souvent des effets secondaires indésirables, comme des diarrhées, de la nausée, des difficultés à respirer ou à avaler, entre autres.
La radiothérapie a déjà prouvé son efficacité contre de multiples formes de cancer, mais pourrions-nous bénéficier des mêmes résultats tout en minimisant les risques d’effets secondaires ? « Oui« , répond une étude.
La protonthérapie, c’est quoi ?
Contrairement à une radiothérapie, la protonthérapie ne s’appuie pas sur les rayons X mais sur des ions chargés positivement, principalement des ions hydrogènes ou « protons ». Ceux-ci, comparés aux photons, permettent de mieux limiter la dose délivrée aux volumes ciblés. On épargne ainsi davantage les tissus sains environnants adjacents, et on limite la dose « intégrale » reçue par le patient.
La protonthérapie est connue depuis longtemps. On l’utilise généralement chez les patients auprès desquels la précision de l’irradiation est très critique, lorsque le cancer est situé près d’organes sensibles aux radiations, notamment.
Jusqu’à présent, en revanche, les conséquences à long terme de cette technique et sa potentielle toxicité n’avaient pas vraiment été étudiées. Brian Baumann, de l’Université de Pennsylvanie, a récemment comparé les deux formes de rayonnement. Il détaille ses travaux dans la revue JAMA Oncology.
Moins d’effets secondaires
Pour cette étude le chercheur a suivi pendant plusieurs mois 1 092 patients traités par radiothérapie, et 391 traités par protonthérapie. La survie globale à un an pour le groupe de protonthérapie était de 83% contre 81% pour le groupe de radiothérapie. Il y a donc une très légère différence, mais qui n’est pas statistiquement significative.
En revanche, les résultats ont été très différents concernant les effets secondaires. Après avoir pris en compte les différences d’âge et d’autres facteurs de risque, il est ressorti que les patients recevant une protonthérapie avaient connu une réduction des deux tiers du risque relatif d’effets secondaires graves au cours des 90 premiers jours de traitement par rapport à l’autre groupe.
« C’est passionnant car cela montre que la protonthérapie nous offre un moyen de réduire les effets secondaires graves et le bien-être des patients sans sacrifier l’efficacité de la thérapie« , explique le chercheur.
Une technique encore très chère
Si elle restée dans l’ombre de la radiothérapie, c’est principalement à cause des coûts. Pour la construction du bâtiment et l’acquisition du matériel, il faut en effet compter un investissement compris entre 40 et 60 millions d’euros. La séance, elle, coûte un peu plus de 1 000 euros. Il n’existe à ce jour en France que trois centres dédiés : à Orsay, à Nice et à Caen.
Ces coûts devraient toutefois pouvoir baisser au cours de ces prochaines années si davantage de centres franchissent le pas.
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