Contre le cancer, elle développe un vaccin personnalisé pour chaque patient

cellule cancer
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De nouveaux vaccins personnalisés contre le cancer ont récemment été conçus et testés pour cibler vingt protéines mutées uniques aux tumeurs de chaque patient. Chaque vaccin semble avoir empêché une rechute précoce chez douze patients atteints d’un cancer de la peau. Deux ans et demi plus tard, les patients traités sont à ce jour toujours guéris.

Le cancer tue des millions de personnes chaque année. Il se présente sous différentes formes et il n’est pas rare que les patients diagnostiqués à temps doivent supporter plusieurs types de traitements avant que l’un d’eux ne se montre efficace. Chaque personne réagit différemment et si le bon traitement est administré trop tardivement, les conséquences peuvent être fatales pour les patients. La gravité du cancer a donc poussé médecins et chercheurs à explorer toutes les solutions possibles, y compris celles qui peuvent parfois sembler non conventionnelles. Catherine Wu, oncologue et hématologue à l’Institut du cancer Dana-Farber à Boston, s’est quant à elle tournée vers le vaccin. Mais le vaccin personnalisé.

Catherine Wu a en effet étudié pendant des années la réponse des patients aux greffes de moelle osseuse pour le traitement de leucémies, concluant au terme de ses recherches que chaque personne réagit différemment au cancer et que par conséquent, un traitement personnalisé est nécessaire. Elle eut alors naturellement l’idée d’appliquer cette logique en voulant développer un vaccin contre le cancer ou plutôt de nombreux vaccins contre de nombreux cancers. Les résultats de ses premières recherches ont été présentés il y a quelques jours à l’American Association for Cancer Research (AACR) à Washington DC.

Ces vaccins personnalisés contiennent des néo-antigènes, des protéines mutées spécifiques à chaque tumeur. Ces néo-antigènes sont identifiés une fois le génome de la tumeur d’un patient séquencé pour permettre ensuite aux médecins d’identifier ces mutations uniques. Une fois le système immunitaire imprégné de ces néo-antigènes, les cellules T du patient sont activées pour attaquer les cellules cancéreuses. L’équipe de Wu a identifié une vingtaine de néo-antigènes par patient pour leurs vaccins. Les vaccins ont été injectés sous la peau sur une période de cinq mois et selon les premiers résultats, ceux-ci auraient empêché une rechute précoce chez douze patients souffrant d’un cancer de la peau, tout en stimulant l’immunité du patient lorsqu’il était combiné à un médicament contre le cancer.

Ces premiers tests, concluants, ont été réalisés au cours de l’année 2015. Deux ans et demi plus tard, les patients traités sont à ce jour toujours guéris. Cependant, deux patients souffrant d’une forme avancée de ce cancer ont eu besoin d’une puissance de frappe supplémentaire pour repousser leur maladie. Ces patients avaient effectivement rechuté. Ils se sont alors vus administrer un inhibiteur de point de contrôle PD-1 qui, combiné au vaccin personnalisé, a pu éliminer les tumeurs de ces deux patients.

Bien que ces résultats soient très prometteurs, ces thérapies sont relativement nouvelles et nécessiteront beaucoup plus de tests cliniques. Les vaccins personnalisés sont de plus très coûteux et nécessitent des mois de conception, un facteur limitant dans les soins aux patients atteints de cancers en forte progression.

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