Le cancer du sein se propage plus agressivement la nuit

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Crédits : Engin_Akyurt/pixabay

Lorsque les femmes atteintes d’un cancer du sein métastatique s’endorment la nuit, leur cancer se réveille et commence à se propager. C’est la découverte surprenante d’une étude publiée dans Nature. En déréglant le cycle du sommeil chez les souris, l’équipe a également réduit le nombre de cellules métastatiques.

Nicola Aceto et son équipe de l’ETH Zurich ont commencé à travailler sur le sujet après avoir souligné une différence inexpliquée dans le nombre de cellules tumorales circulantes dans des échantillons analysés à différents moments de la journée. Des études sur les souris ont également mis en évidence quelque chose d’inhabituel. En effet, il y a toujours un plus grand nombre de cellules cancéreuses trouvées chez les souris que chez les humains. Or, nous savons que les scientifiques prélèvent généralement les échantillons quand les souris sont au repos.

Pour en apprendre davantage sur cette relation cancer et rythme circadien, les chercheurs ont recruté une trentaine de femmes atteintes d’un cancer du sein. Sur cet échantillon, 21 patientes avaient un cancer au stade précoce et neuf souffraient d’une maladie métastatique de stade IV. Après des analyses de leur sang, il en est ressorti que la plupart des cellules tumorales circulantes (plus de 78 %) avaient été trouvées dans des échantillons de sang prélevés la nuit.

Les chercheurs ont également obtenu des résultats similaires après avoir injecté des cellules cancéreuses du sein à des souris pour ensuite prélever des échantillons de sang pendant la journée. Là encore, les cellules tumorales circulantes étaient beaucoup plus élevées lorsque la souris était au repos.

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Le cancer du sein se propage plus rapidement pendant que vous dormez. Crédits : Motortion / iStock

Beaucoup plus de métastases la nuit

Autre point surprenant : les cellules cancéreuses collectées pendant la nuit étaient beaucoup plus susceptibles de métastaser. À l’inverse, les cellules tumorales circulantes générées pendant la phase active étaient dépourvues de capacité métastatique.

Au cours d’expériences, les chercheurs ont ensuite perturbé le rythme circadien de certaines souris en changeant la routine lumière-obscurité. Cela aurait alors entraîné une diminution massive de la concentration de cellules tumorales circulantes. Le fait de donner des hormones similaires à celles trouvées dans le corps des souris lorsque celles-ci sont réveillées (testostérone, insuline et dexaméthasone) aurait également baissé le nombre de cellules tumorales en circulation lorsque la souris était au repos. Ces recherches montrent que la propagation des cellules cancéreuses circulant à partir de la tumeur d’origine semble ainsi contrôlée de manière hormonale.

Rappelons que le cancer du sein est l’une des formes de cancer les plus courantes. On recense environ 2,3 millions de cas dans le monde chaque année. Les patientes répondent généralement bien au traitement si la maladie est détectée suffisamment tôt. Cependant, le traitement peut être plus difficile en cas de métastase.

Il reste encore du travail. Les scientifiques vont maintenant essayer de comprendre comment les découvertes peuvent être intégrées dans les traitements anticancéreux existants. Ces nouveaux résultats suggèrent cependant que le moment où les échantillons de sang ou de tumeurs sont prélevés peut modifier les résultats. Il sera donc très important de prendre en compte ce facteur à l’avenir dans le suivi de la maladie.