Cancer du sein HER2+ : réévaluation positive d’un traitement déjà existant

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Entre un et deux cancers sur dix sont « HER2 positif », HER2 étant l’appellation d’un récepteur. Or, la surexposition de ce récepteur donne un avantage aux cellules cancéreuses. Il représente donc également une cible thérapeutique de choix. Un essai clinique récent démontre l’intérêt d’un traitement combinant un anticorps thérapeutique et d’une molécule cytotoxique.

Un atout pour le cancer

Le cancer du sein est le type de cancer le plus meurtrier chez la femme. De plus, il s’agit du cancer le plus fréquemment diagnostiqué dans le monde depuis 2021, une première. Les recherches se poursuivent, notamment pour mieux détecter, diagnostiquer et traiter cette maladie, notamment au moyen d’intelligences artificielles.

Or, entre 10 et 20 % des cancers du sein sont de type HER2+. Cela signifie que les cellules malignes possèdent sur leur surface un nombre anormal de récepteurs HER2, dont l’activation se fait sous l’effet de facteurs de croissance. Pour le cancer, il s’agit d’un atout indéniable, car cela lui permet de se multiplier et de résister à la mort cellulaire (apoptose). De plus, les cellules malignes assurent leur apport en oxygène et en nutriments à l’aide de nombreux vaisseaux sanguins.

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Crédits : Motortion / iStock

De multiples combinaisons

Bien qu’ils représentent un atout pour le cancer, les récepteurs HER2 incarnent aussi une cible thérapeutique importante. Il faut dire que la recherche d’une surexposition à ce récepteur est systématique chez les femmes atteintes par le cancer du sein. Limiter la croissance et la multiplication des cellules malignes peut ainsi passer par le blocage de l’activation des récepteurs HER2. Ce type de cancer du sein bénéficie ainsi d’une stratégie de soin à deux niveaux : le premier est un anticorps monoclonal se fixant sur HER2, bloquant son activation, le second est une molécule chimique cytotoxique.

Parmi les combinaisons disponibles sur le marché, nous retrouvons en première ligne l’anticorps monoclonal trastuzumab (Herceptin) et une molécule cytotoxique. En cas de résultats décevants, le trastuzumab est alors combiné à l’emtansine, une molécule capable d’inhiber l’assemblage des microtubules représentant un élément central du cytosquelette. Toujours en l’absence de résultats probants, le trastuzumab est alors associé au deruxtecan. Il s’agit d’une molécule capable d’interférer avec la topoisomérase, une enzyme interagissant avec l’ADN.

Réévaluer l’association trastuzumab-deruxtecane

Publiés dans le New England Journal of Medicine le 24 mars 2022, les résultats de la phase 3 de l’essai clinique Destiny-Breast03 ont permis de réévaluer l’association trastuzumab-deruxtecan. Il s’agissait de déterminer si ce traitement pouvait se repositionner en seconde ligne, plutôt qu’en tout dernier recours, avant la combinaison trastuzumab-emtansine. Selon les résultats, le traitement trastuzumab-deruxtecan permet une augmentation significative de la survie chez les patientes.

Sur 524 participantes réparties au hasard dans deux groupes, 75 % des patientes ayant reçu le trastuzumab-deruxtecane bénéficiaient d’une survie sans progression de la maladie à douze mois. Or, ce même taux était de seulement 38 % dans le cas du trastuzumab-emtansine, traitement habituel de second choix. De plus, l’association trastuzumab-deruxtecane confère une meilleure survie globale.

En revanche, le traitement à base de trastuzumab-deruxtecane engendre malheureusement de nombreux effets secondaires. L’écrasante majorité des patientes a observé l’apparition de maladies et d’infections pulmonaires. Malgré ce point négatif, la combinaison trastuzumab-deruxtecane augmente réellement la survie des patientes tout en diminuant les risques de progression du cancer du sein HER2+.