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Cancer du poumon : pourquoi le traitement fonctionne-t-il moins chez les non fumeurs ?

Certes, le tabac est de loin la première cause de cancer du poumon. Toutefois, les non-fumeurs peuvent eux aussi en souffrir. D’ailleurs, près de 10 % des cancers bronchopulmonaires surviennent chez ce type de patients. Par ailleurs, cette tendance est à la hausse ces dernières années, notamment chez les jeunes et chez les femmes, et ce, probablement à cause de la pollution atmosphérique potentiellement combinée à des facteurs génétiques et liés au mode de vie. Et malheureusement pour ces malades, il arrive bien souvent qu’ils répondent mal au traitement qui cible le cancer du poumon non à petites cellules. Mais comment l’expliquer et pourquoi certains cancers du poumon seraient-ils plus difficiles à traiter que d’autres ?

Dans leur étude publiée le 13 juin dernier dans le journal Nature Communications, des chercheurs de l’University College of London expliquent avoir identifié deux mutations génétiques scientifiques au sein des cellules cancéreuses qui les rendent plus résistantes au traitement.

Cancer du poumon : deux mutations à l’oeuvre

Identifiées chez des souris et in vitro, les mutations en question concernent plus particulièrement le gène EGFR, qui favorise la croissance des cellules, et TP53, impliqué dans la régulation de la division des cellules et la prévention des tumeurs. Il faut savoir que dans le cas du cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC), qui représente entre 80 et 85 % des tumeurs pulmonaires malignes et qui est le plus commun chez les non-fumeurs, le traitement utilisé depuis une quinzaine d’années consiste généralement à cibler la mutation EGFR, un facteur de risque connu. Toutefois, cette approche ne fonctionne pas chez tous les patients, raison pour laquelle les scientifiques du Cancer Institute et du Francis Crick Institute de l’University College of London ont décidé d’étudier ces mutations de plus près en espérant comprendre pourquoi les réponses au traitement peuvent tant différer.

C’est en comparant les scans de patients traités à l’Osimertinib, un inhibiteur d’EGFR, que l’équipe scientifique s’est finalement rendu compte que si les patients ne présentaient qu’une mutation de l’EGFR, cela permettait de réduire la taille des tumeurs et d’améliorer le pronostic des malades. En revanche, quand s’y ajoutait une mutation supplémentaire de TP53, les résultats devenaient beaucoup plus nuancés. Si certaines tumeurs avaient bel et bien réduit, les chercheurs observaient aussi dans d’autres cas une croissance, signe d’une résistance et d’une réponse mitigée au médicament, ce qui peut complexifier la tâche pour les oncologues qui prennent en charge les malades. Par la suite, chez les souris porteuses des mutations EGFR et p53 avec des tumeurs résistantes, les scientifiques ont noté qu’un plus grand nombre de cellules cancéreuses avaient doublé leur génome, possédant ainsi des copies supplémentaires de tous leurs chromosomes.

« Nous avons montré pourquoi avoir une mutation p53 est associée à une survie moindre chez les patients atteints d’un cancer du poumon non lié au tabagisme. C’est la combinaison de mutations EGFR et p53 qui favorise le doublement du génome. Cela augmente le risque de développement de cellules résistantes aux médicaments en raison d’une instabilité chromosomique », résume le professeur Charles Swanton de l’UCL Cancer Institute et du Francis Crick Institute dans un communiqué.

cancer du poumon ou carcinome bronchique
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Une découverte qui pourrait à terme améliorer le traitement des patients

Pour l’heure, il n’existe aucun test permettant de détecter cette double mutation. Néanmoins, les scientifiques travaillent à l’élaboration d’un nouvel outil diagnostic avec l’espoir d’améliorer le taux de survie des patients.

« Une fois que nous pourrons identifier les patients ayant à la fois des mutations EGFR et p53, dont les tumeurs présentent un doublement du génome entier, nous pourrons alors traiter ces patients de manière plus sélective. Cela pourrait signifier un suivi plus intensif, une radiothérapie précoce ou une ablation pour cibler les tumeurs résistantes, ou l’utilisation précoce de combinaisons d’inhibiteurs de l’EGFR, comme l’osimertinib, avec d’autres médicaments, notamment la chimiothérapie », estime le Dr Crispin Hiley de l’UCL Cancer Institute.

Retrouvez l’étude en détail sur ce lien.

Julie Durand

Rédigé par Julie Durand

Autrefois enseignante, j'aime toujours autant partager mes connaissances et mes passions avec les autres. Je suis notamment passionnée par la nature et les technologies, mais aussi intriguée par les mystères nichés dans notre Univers. Ce sont donc des thèmes que j'ai plaisir à explorer sur Sciencepost à travers les articles que je rédige, mais aussi ceux que je corrige.