Évaluer le risque pour chaque patient de développer un cancer du foie reste encore aujourd’hui un important défi. En France, des chercheurs ont récemment élaboré un score prédictif intégrant l’hépatite B en tant que facteur de risque majeur de ce type de cancer.
Élaborer un score plus facilement calculable
Selon une publication des Nations Unies en 2022, plus de 900 000 personnes ont été nouvellement diagnostiquées avec un cancer du foie dans le monde. La mème année, plus de 830 000 patients ont perdu la vie en raison de cette maladie. Par ailleurs, le nombre de nouveaux cas (et de décès) devrait augmenter de plus de 55% d’ici 2040. Or, l’origine de cette maladie infectieuse, plus précisément sa forte la plus commune – le carcinome hépatocellulaire – n’est autre que le virus de l’hépatite B (VHB).
Anticiper une telle complication et organiser un suivi adapté est possible. En revanche, identifier les patients les plus à risque reste encore aujourd’hui très difficile. Plus d’une trentaine de scores prédictifs déjà existants ont pour objectif d’aider à évaluer la probabilité qu’un patient développe ou non la maladie, avec l’hépatite B comme facteur majeur. Cependant, la majorité de ces scores repose sur des données biologiques nécessitant des analyses complexes, par exemple la recherche d’une mutation génétique ou le dosage d’un marqueur sanguin spécifique.
En France, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) a piloté une étude ayant fait l’objet d’une publication dans la revue Liver International le 15 mars 2025. L’objectif ? Concevoir un score à calculer à partir des données disponibles dans le cadre du suivi standard des patients atteints d’hépatite B chronique.

Pour une évaluation précoce du risque
Pour les besoins de leur étude, les experts ont utilisé les données de la cohorte française ANRS CO22 Hepather (2012), dont le but était d’évaluer l’efficacité des nouveaux traitements contre les hépatites virales. Alors que la cohorte concernait environ 20 000 personnes, les chercheurs de l’INSERM ont intégré à leur étude les données de 4 370 patients atteints d’hépatite B et/ou C. Or, 56 de ces patients ont développé un cancer du foie durant les huit années de suivi de la cohorte.
Deux scores ont résulté de ces travaux : Adaptt et Sadaptt. En réalité, le second est une version améliorée du premier. Nous retrouvons ainsi six facteurs communs, à savoir l’âge du patient, la surinfection par le virus de l’hépatite Delta (VHD), une consommation d’alcool à risque pour la santé, un faible taux de plaquettes, le niveau tabagisme et la présence d’un traitement anti-VHB. La version Sadaptt intègre un septième facteur : la consommation quotidienne de sodas.
Selon les responsables de ces travaux, ce nouveau score devrait enfin permettre une évaluation précoce du risque de cancer du foie chez chaque patient atteint d’hépatite B chronique. La suite est l’élaboration d’un suivi et d’une prise en charge sur mesure, pouvant notamment passer par des recommandations spécifiques comme la réduction ou l’arrêt du tabagisme, de l’alcool ou des boissons sucrées.