En Finlande, une équipe cherche à produire du café à partir de cellules cultivées en laboratoire. Ses efforts ont récemment porté leurs fruits. À terme, ces travaux pourraient contribuer à rendre la production de ce précieux breuvage plus durable.
Défi de durabilité
Lucrative (plus de deux milliards de tasses consommées chaque jour), l’industrie du café ne dépend que des quelques pays producteurs par le biais de petits exploitants. Ces derniers, qui devaient déjà historiquement composer avec des plantes assez « pointilleuses » en matière de sol et de climat, doivent aujourd’hui faire face à de nombreuses menaces, telles que la hausse des températures liée au réchauffement climatique ou encore le manque d’abeilles pour polliniser les plantes.
Il y a trois ans, une étude suggérait notamment que près de 90 % des plus grandes régions productrices de café au monde pourraient disparaître d’ici 2050.
Depuis plusieurs années, des chercheurs se tournent donc vers de possibles alternatives. C’est notamment le cas du côté de la Finlande. Au centre National de la Recherche Technique du pays, une équipe travaille en effet sur la culture du café en laboratoire, ouvrant possiblement la voie à une industrie plus durable.
Une première percée
Ce café ne se présente pas sous forme de grains. Il est en réalité cultivé à partir d’un amas de cellules dans un bioréacteur dans des conditions idéales de température, de lumière et d’oxygène pour lui permettre de prospérer. En somme, ce processus beaucoup moins gourmand en eau n’est pas très différent de celui permettant la culture de viande en laboratoire à partir de cellules musculaires animales.
In fine, les chercheurs obtiennent alors une poudre qui devrait avoir le goût et l’odeur du café conventionnel après torréfaction.
Pour l’heure, seules quelques personnes ont eu l’honneur de tester le produit. En revanche, ce café étant un « aliment nouveau », ces dernières n’ont été autorisées qu’à goûter et cracher le précieux breuvage, à la manière d’une dégustation de vin. Les retours sont plutôt positifs, même si certains admettent que ce café est moins amer que le café ordinaire, tout en ayant un goût un peu moins fruité.
Sur ce point, le Dr Heiko Rischer, principal auteur de ces travaux, suggère que des progrès pourront être réalisés lors du processus de torréfaction. « Nous ne sommes pas des torréfacteurs de café professionnels. Or, une grande partie de la génération d’arômes se produit réellement pendant ce processus », a-t-il déclaré. « Cela dit, nous avons maintenant prouvé que le café cultivé en laboratoire peut être une réalité« .
L’équipe estime que son café cultivé en laboratoire pourra être commercialisé dans un minimum de quatre ans. En attendant, elle travaille à perfectionner son produit pour obtenir l’approbation réglementaire, tout en réfléchissant à la manière de le produire commercialement.