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Les cactus prospèrent dangereusement dans les Alpes

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Crédits : Olivier Maire

Dans le Valais suisse, les cactus prennent de plus en plus le pas sur la neige en hiver et les fleurs d’edelweiss en été, à la faveur du changement climatique. Les autorités s’inquiètent de l’empiétement de ces plantes normalement habituées aux environnements arides sur le reste de la biodiversité.

L’une des dimensions marquantes du changement climatique en Europe est le recul de la neige, mais aussi, et surtout des glaciers alpins. Ces glaciers jouent pourtant un rôle essentiel du point de vue hydrologique en cumulant et stockant l’eau en saison froide, avant de la libérer progressivement au printemps et en été. De par leurs actions, ces plateformes permettent ainsi d’alimenter les rivières au moment où la demande en eau est la plus élevée (faune, flore et agriculture). Leur déliquescence a donc des impacts environnementaux non négligeables.

Sans neige, les cactus prennent le pas

Un peu plus bas, le manque de neige a également des effets sur les plantes qui tapissent les flancs. Le développement des cactus du genre Opuntia (figues de barbarie) en est un parfait exemple. Ces envahisseurs friands des climats chauds et secs ont en effet profité de la réduction de la couverture neigeuse essuyée au cours de ces dernières années pour s’installer durablement.

Ces cactus prolifèrent également dans certaines collines entourant la ville de Sion, la capitale du Valais. D’après les estimations, ces plantes représenteraient désormais 23 à 30% de la couverture végétale basse. Leur présence a également été signalée dans les régions alpines voisines, notamment le Tessin et les Grisons en Suisse, et la Vallée d’Aoste et la Valteline en Italie.

À ce jour, neuf espèces, dont quatre particulièrement invasives, ont été découvertes dans la région. Or, la présence de plus en plus marquée de ces plantes inquiète les autorités locales, car elles constituent une menace pour la biodiversité. « Lorsque vous avez ces cactus, rien d’autre ne pousse« , résume le biologiste Yann Triponez, du service de protection de la nature du canton du Valais, au Guardian. La situation est d’autant que préoccupante que ces cactus peuvent supporter des températures très basses, certaines inférieures à -10°C.

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Crédits : Peter Oliver Baumgartner

Des envahisseurs coriaces

Dans les années à venir, l’intensification de la diminution de la couverture neigeuse favorisera sans nul doute la propagation de ces cactus en basse altitude. Selon Météo Suisse, le nombre de jours de neige à moins de 800 mètres d’altitude en Suisse aurait diminué de moitié depuis 1970, tandis que les températures dans toute la gamme ont augmenté deux fois plus vite que la moyenne mondiale (2,4 °C plus chaudes que les moyennes de 1871-1900). Autrement dit, dans les rapports sur le changement climatique, les courbes pour la Suisse sont quasi aussi raides que pour l’Arctique.

Des campagnes de déracinement ont déjà été menées sans grand succès. Ces plantes se reproduisent en effet facilement et repoussent même lorsqu’elles sont coupées, arrachées ou piétinées. D’autres prospections reprendront malgré tout dans les prochaines semaines pour tenter de freiner leur propagation. Les autorités ont également lancé une campagne de sensibilisation pour informer les habitants, qui plantent parfois les cactus, et les touristes de la menace posée par ces plantes.

Brice Louvet, expert espace et sciences

Rédigé par Brice Louvet, expert espace et sciences

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.