Des chercheurs de l’Université du Maryland ont récemment fait une découverte surprenante : une bûche de cèdre rouge de l’Est âgée de 3 775 ans conserve moins de 5 % de son dioxyde de carbone d’origine grâce à des conditions environnementales uniques. Cette découverte pourrait ouvrir la voie à des méthodes innovantes de stockage du carbone et de lutte contre le changement climatique.
Une découverte surprenante
L’équipe de recherche, dirigée par le professeur de sciences atmosphériques et océaniques Ning Zeng, s’était initialement engagée dans un projet pilote visant à enterrer du bois frais lorsqu’elle a mis au jour, à environ deux mètres sous la surface, ce tronc vieux de 3 775 ans étonnamment bien préservé. Ce dernier aspect est un élément clé pour les recherches en cours sur la conservation du bois, car il offre un aperçu précieux sur la manière dont les anciens écosystèmes ont pu interagir avec le climat et le sol.
Les chercheurs se sont en effet émerveillés de constater que cette bûche, retrouvée dans le sol argileux de la région du Québec, avait pu conserver sa structure chimique et mécanique pendant près de quatre millénaires.
Le sol dans lequel la bûche a été découverte joue un rôle essentiel dans sa préservation. Ce sol argileux à faible perméabilité a effectivement permis de ralentir considérablement l’accès de l’oxygène à la bûche. En limitant l’exposition à l’oxygène, le sol a également restreint l’activité des décomposeurs tels que les champignons et les insectes qui sont traditionnellement responsables de la décomposition du bois. En conséquence, la bûche a pu conserver sa structure chimique, empêchant le dioxyde de carbone qu’elle contenait de se libérer dans l’atmosphère.
Une nouvelle approche pour le stockage du carbone
Ce phénomène soulève des questions fascinantes sur les pratiques de conservation des ressources naturelles et sur la manière dont les arbres peuvent jouer un rôle dans la régulation des gaz à effet de serre.
Rappelons que les arbres jouent un rôle crucial dans la séquestration du dioxyde de carbone pendant leur vie. Cependant, lorsqu’ils meurent et se décomposent, ce gaz à effet de serre est relâché dans l’atmosphère, aggravant ainsi le réchauffement climatique. Comprendre les conditions qui ont permis la conservation exceptionnelle de cette bûche pourrait donc révolutionner nos approches en matière de stockage du carbone. Les pratiques de stockage en voûte de bois (une méthode consistant à enterrer du bois non commercialement viable pour prévenir sa décomposition) pourraient notamment bénéficier de cette récente étude.
Les chercheurs soulignent que même si l’idée d’enterrer du bois peut paraître simple, il est essentiel de comprendre les conditions nécessaires pour sa préservation efficace sur le long terme. Des travaux antérieurs avaient souvent négligé l’impact du sol environnant sur la conservation du bois. En étudiant la bûche de 3 775 ans, l’équipe a cette fois identifié des éléments cruciaux pour la conservation, comme le type de sol et son taux de perméabilité.
En intégrant cette nouvelle perspective, les chercheurs espèrent mettre en place des stratégies de stockage du carbone plus efficaces, ce qui pourrait significativement contribuer à la lutte contre le changement climatique.