Les villes ne deviennent pas simplement sales au sens visuel – les espaces urbains présentent également une pollution sonore de plus en plus marquée. Klaxons retentissants, sirènes hurlantes et fracas des trains qui passent, ce déluge de bruit peut être dévastateur pour la psyché humaine.
Il est impossible d’exagérer à quel point la pollution sonore peut faire des ravages sur la santé humaine. Des niveaux de bruit élevés peuvent exacerber l’hypertension, causer de l’insomnie ou des troubles du sommeil, entraîner une perte auditive et causer pléthore d’autres conditions médicales. Tous ces problèmes peuvent amener des complications de santé en induisant des niveaux plus élevés de stress, ce qui peut entraîner une dégradation des systèmes immunitaires, des problèmes cardiaques, une anxiété et une dépression accrue – la liste est longue.
Et ces problèmes ne font que commencer. En 2100, 84% des 10,8 milliards de personnes que comptera le monde vivront en effet probablement dans les villes. La pollution sonore va ainsi fleurir dans ces zones mais aussi au-delà , dans les banlieues environnantes et les espaces ruraux qui autrefois se présentaient comme des refuges, en marge de la clameur des villes.
L’Homme n’est ici pas la seule espèce concernée. Les populations animales, en particulier celles qui vivent à proximité des autoroutes ou des ports achalandés, seront également impactées. La pollution sonore peut en effet troubler les sens et les instincts, rendant par exemple plus difficile l’évitement des prédateurs – ou pour ces derniers, de trouver et attraper des proies. Il faut également inclure les oiseaux et les mammifères marins, qui s’appuient sur des vocalisations spécifiques pour attirer les partenaires potentiels. La pollution sonore peut perturber ces comportements. Les chauves-souris aussi, qui se fient à l’écholocalisation pour se déplacer et trouver de la nourriture, mais ont une capacité réduite à se nourrir lorsque le niveau de bruit ambiant est élevé. Les huîtres, par ailleurs, se ferment sous l’effet du stress, les empêchant d’ingérer suffisamment de nourriture. En tant que filtreurs, elles jouent pourtant un rôle essentiel dans le maintien de la qualité de l’eau de l’océan à un niveau sain et durable, ce pour toute la vie marine.
Ainsi, le bruit peut affecter la mécanique biologique, une machinerie complexe où tous les êtres sont interdépendants. Fermez « les oreilles » à l’un et c’est l’autre qui en subira les conséquences. Mais d’où vient ce bruit ? Le trafic est aujourd’hui le plus grand contributeur à la pollution sonore. Un camion diesel, par exemple, génère jusqu’à 90 décibels de bruit. En règle générale, une exposition prolongée à plus de 85 décibels expose une personne à un risque de perte auditive temporaire ou permanente. Les chantiers de construction, également, résonnent de plus en plus. Les gens vivant à proximité des voies ferrées ou des aéroports sont elles aussi assaillies de bruit – et généralement de vibrations et de secousses – à toute heure.
Tout bien considéré, que peut-on faire pour empêcher la société de devenir « sourde » ? Au fur et à mesure que les villes s’agrandissent et se multiplient, des innovations technologiques et des mesures politiques plus radicales pourraient empêcher les problèmes de s’aggraver davantage. Il existe aussi des barrières routières ou ferroviaires pour protéger les collectivités, ou encore les voitures électriques qui pourront bientôt générer moins de bruit que les moteurs à essence et diesel. En ville, les promoteurs se devront d’équiper de nouveaux bâtiments avec des façades en verre plus épaisses ou des matériaux d’isolation phonique.
Ainsi, des mesures préventives pourront peut-être un jour prévenir de plus grands problèmes physiologiques. Le calme sera certes de plus en plus difficile à trouver, mais de nouvelles innovations pourraient permettre aux prochaines générations de naviguer sereinement dans le chaos d’un monde bruyant. Ou bien nous serons tous sourds à 50 ans.
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