Broyer et disperser de la roche dans les champs, une solution pour absorber le CO2 ?

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Un groupe de chercheurs britanniques pense avoir trouvé une solution viable dans la lutte contre le réchauffement climatique. Il s’agit de broyer puis disperser certaines roches dans les champs agricoles. L’objectif ? Absorber une grande quantité de CO2 de façon entièrement naturelle.

Un rôle de stabilisateur du climat

Qu’on se le dise, la lutte contre le réchauffement climatique n’est pas un franc succès. L’Accord de Paris ne sera sûrement pas respecté puisque l’humanité semble se diriger vers une augmentation de 3 °C de la température à la surface du globe d’ici à 2100. Certaines méthodes douces peuvent néanmoins susciter l’espoir. C’est justement le cas de celle détaillée par des chercheurs britanniques dans une étude publiée dans la revue Nature le 8 juillet 2020.

Les scientifiques évoquent de la poussière de roche, comme le basalte, à répandre dans les champs agricoles. Selon les meneurs de l’étude, les minéraux se dégradent avec le temps et deviennent capables d’absorber du dioxyde de carbone (CO2) en grande quantité. Sur des centaines de milliers d’années, ce processus pourrait alors jouer un rôle de stabilisateur du climat.

Il est question d’une fine poussière puisque les chercheurs préconisent de réduire la roche en micro-grains. Il s’agirait ainsi d’augmenter la surface de contact et d’accélérer le processus. Par ailleurs, l’intérêt est multiple. Outre l’absorption de CO2, les minéraux apporteraient des nutriments à la terre et permettraient d’augmenter la qualité et le rendement des récoltes.

basalte
Les meneurs de l’étude veulent réduire du basalte en micro-grains afin d’obtenir une fine poussière.
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Un dixième du « budget carbone » !

Selon l’étude, une application de cette pratique à l’échelle planétaire pourrait être bénéfique. Or, les trois pays que sont la Chine, les États-Unis et l’Inde seraient ceux ayant le plus à y gagner. Ces pays sont les trois plus grands émetteurs de CO2 mais disposent également d’une surface agricole gigantesque. Toutefois, il semble que toute l’humanité pourrait tirer les bénéfices de cette initiative. Les scientifiques estiment en effet que d’ici 2050, l’utilisation de poussière de roche pourrait capter entre 0,5 et 2 gigatonnes de CO2 chaque année. Or, il s’agit d’environ un dixième du « budget carbone » de l’humanité.

Cette notion de budget carbone nous vient du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Il s’agit des émissions acceptables représentant la limite supérieure des émissions de dioxyde de carbone permettant de rester en dessous d’une température moyenne mondiale donnée. Ainsi, la notion déclinée en budgets d’émissions nationaux permettrait d’aider les pays dans le cadre d’une réduction de leurs émissions.