La disparition des dinosaures non aviens il y a environ 66 millions d’années aura permis aux mammifères d’occuper des niches désormais inoccupées. Au cours des millions d’années qui suivirent, beaucoup ont également gagné en taille. Parmi eux, certains ont même décuplé leur masse. C’est notamment le cas des brontothères, ces parents de chevaux ressemblant à des rhinocéros. Une étude publiée récemment dans la revue Science démontre aujourd’hui que cette évolution s’est déroulée en très peu de temps.
Que sont les brontothères ?
Les brontothères étaient un groupe éteint de mammifères qui vécurent il y a environ 56 à 34 millions d’années. Ces animaux appartenaient à l’ordre des Perissodactyles qui comprend également les chevaux, les rhinocéros et les tapirs. Ils étaient caractérisés par leur tête massive et leur longue mâchoire inférieure en forme de U qui était utilisée pour arracher les feuilles des arbres. Ils possédaient également une paire de cornes sur leur crâne située au-dessus de leurs orbites, probablement utilisée pour lutter contre les autres mâles pendant la saison de reproduction.
Les brontothères sont souvent considérés comme l’un des exemples les plus frappants de la radiation évolutive des mammifères au cours de l’Éocène. Il s’agit d’un processus évolutif au cours duquel une espèce se diversifie rapidement en plusieurs nouvelles espèces adaptées à différents environnements ou niches écologiques. Ce phénomène peut se produire en réponse à des changements environnementaux importants.
Cela étant dit, ces animaux étaient aussi caractérisés par leur taille imposante, ce qui tranchait avec les mammifères plus anciens. Au cours de la période du Crétacé (il y a 145 à 66 millions d’années), la plupart d’entre eux ne pesaient en effet pas plus de dix kilogrammes et se faufilaient entre les pieds des dinosaures, généralement la nuit. Le déclin des dinosaures aura ensuite permis à nos ancêtres de s’épanouir et de grandir.
Environ vingt millions d’années après l’événement d’extinction du Crétacé-Tertiaire, les mammifères pesant plus d’une tonne, comme les brontotheres, étaient alors très nombreux dans tout le paysage. Mais alors, comment ces animaux sont-ils devenus si massifs ?
Une aubaine pour les plus grands
Dans le cadre d’une nouvelle étude, des chercheurs ont examiné plusieurs idées sur la façon dont les mammifères du cénozoïque ont évolué pour avoir d’énormes corps de plusieurs tonnes. L’une, connue sous le nom de règle de Cope, suggère que la taille des mammifères a augmenté régulièrement au fil du temps. Une autre hypothèse propose l’inverse, suggérant des périodes d’augmentation rapide qui plafonnaient périodiquement. Enfin, la troisième explication propose qu’il y a eu une augmentation constante de la taille, mais uniquement pour certaines espèces.
Pour déterminer le scénario le plus probable, les chercheurs ont analysé un arbre généalogique contenant 276 brontothères et découvert que la troisième explication correspondait le mieux aux données. Au lieu de grossir lentement avec le temps ou de prendre de la masse et de plafonner, les espèces individuelles de ce genre augmentaient ou diminuaient en taille à mesure qu’elles se développaient dans de nouvelles niches écologiques.
Il est également apparu que les espèces plus grandes ont survécu tandis que les plus petites se sont rapidement éteintes, augmentant la taille moyenne du groupe au fil du temps. D’après les auteurs des travaux, l’explication la plus probable à cela est la concurrence. Étant donné que les mammifères à l’époque avaient tendance à être petits, la concurrence était beaucoup plus rude entre les petits herbivores. Ainsi, les plus grands avaient de meilleures perspectives de survie.
Non seulement ces animaux ont atteint de grandes tailles, mais ils ont également atteint des poids maximums de quatre à cinq tonnes en seulement seize millions d’années, ce qui est une très courte période de temps d’un point de vue géologique. Rappelons toutefois que ces travaux ne se concentrent que sur les brontothères. L’équipe espère ainsi à présent tester la validité de son modèle sur d’autres espèces de grands mammifères à l’avenir.