Selon les travaux effectués par des scientifiques sur la production de soja au Brésil, il serait possible d’accroître la productivité de l’agriculture tout en limitant la dérive climatique et en préservant la forêt tropicale. Les résultats ont récemment été publiés dans la revue Nature sustainability.
C’est ce que l’on appelle faire d’une pierre deux coups. En effet, les pays du Sud qui dépendent de leur agriculture pour se développer empiètent souvent sur de précieux écosystèmes. La raison est que, pour vendre plus de produits agricoles et générer des revenus croissants, ces pays doivent agrandir les surfaces cultivées. Le Brésil le fait par exemple en abattant la forêt tropicale, ce qui libère au passage du dioxyde de carbone (CO2) qui participe au réchauffement climatique.
Vers une agriculture plus efficiente en Amérique du Sud
Une étude dirigée par l’Université de São Paulo (Brésil) montre que les pays n’ont pas forcément à choisir entre le développement économique et la préservation de la nature. Si l’on en croit les données obtenues pour les célèbres cultures de soja brésiliennes, il est en effet possible de concilier les deux. Comment ? En intensifiant l’agriculture, c’est-à-dire en augmentant la productivité des terres déjà cultivées au lieu de les étendre sur des espaces naturels. Il serait ainsi possible de produire près de 160 millions de tonnes de soja par an sans déforester ni émettre de CO2.

Si l’étude n’est pas prescriptive, les outils pourraient inclure une gestion durable des terres en lieu et place des pratiques agricoles qui appauvrissent les sols, ainsi qu’une utilisation plus efficace de la ressource en eau. On rappelle que les pratiques industrielles hypermécanisées et basées sur l’utilisation massive de pesticides ont détruit une large partie des sols agricoles au niveau mondial. À ce titre, les méthodes que nous enseignent l’agroécologie et la permaculture sont des pistes à suivre qui pourraient offrir une alternative.
Citons également la sélection de variétés de soja plus performantes, des dates de semis adaptées au calendrier climatique et phénologique, l’amélioration de la lutte contre les ravageurs ainsi que la polyculture. À cet égard, les chercheurs proposent de cultiver du soja et du maïs sur le même domaine, mais à différentes périodes de l’année. Il serait également possible d’étendre les surfaces agricoles, à condition que l’extension se fasse sur celles utilisées pour l’élevage.
On le voit, ici comme ailleurs, les graines d’une économie agricole respectueuse de l’environnement sont en train d’être semées. Il sera désormais question d’en récolter les fruits.