Une équipe de chercheurs propose d’inonder le marché de fausses cornes de rhinocéros, faites avec du crin de cheval dans le but de lutter contre le fléau du braconnage.
Jusqu’au milieu du 19e siècle, les rhinocéros étaient encore très largement répandus en Afrique en Asie. Depuis, les choses ont changé. À cause du braconnage, de nombreux animaux sont abattus et les effectifs sont régulièrement en baisse. Il ne resterait aujourd’hui que 29 000 rhinocéros dans le monde, dont 80% évoluent en Afrique du Sud. Pourquoi un tel carnage ? C’est à cause de leurs cornes, plus prisées que l’or ou la cocaïne.
En Chine et au Vietnam principalement, on leur attribue en effet des vertus curatives. Elles soigneraient la fièvre ou le cancer. Pourtant, les cornes de rhinocéros ne se composent finalement que de poils étroitement liés ensemble par « une colle » sécrétée par des glandes sébacées.
Décourager la demande
Pour tenter d’endiguer ce fléau, des chercheurs de l’Université d’Oxford ont eu l’idée de créer une « corne de rhinocéros artificielle » composée… de crin de cheval. Le but sera ici d’inonder le marché et décourager la demande.
Pour ces travaux, les chercheurs ont donc prélevé des poils de la queue de plusieurs chevaux, pour ensuite les lier avec un composant artificiel imitant les propriétés du collagène de la vraie corne. Leurs essais ont été concluants. L’avantage, c’est que la technique ne coûte pas très cher et visiblement, on y voit que du feu.
« Notre enquête nous a montré qu’il est assez facile et peu coûteux de fabriquer un matériau en forme de corne imitant celle, extrêmement coûteuse, du rhinocéros« , explique Fritz Vollrath, principal auteur de l’étude. « Nous laissons à d’autres le soin de développer cette technologie dans le but de brouiller les échanges, de faire baisser les prix et de soutenir ainsi la conservation des rhinocéros« .
Fausse bonne idée ?
L’idée paraît bonne, mais l’est-elle réellement ? Certaines personnes pensent en effet que le fait d’inonder le marché de fausses cornes pourrait avoir des effets indésirables inattendus.
« Bien que cela puisse avoir un impact positif à court terme sur une partie de la demande, nous savons que des acheteurs exigeants en Chine et au Vietnam vont jusqu’à tester l’ADN de la corne de rhinocéros« , explique Sophie Stafford, directrice de la communication de Rhino Conservation Botswana (RCB). « Il y aura toujours des gens qui achèteront des produits non testés, mais la demande pour la véritable corne de rhino fera inévitablement grimper son prix« . Et forcément, plus une corne rapportera de l’argent, plus les chasseurs seront incités à braconner.
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