La dégradation de leur habitat et le changement climatique agissent comme des facteurs essentiels de l’effondrement de la faune. Il apparaît également de plus en plus que cette érosion de la biodiversité va s’accélérer au cours des décennies suivantes. Parmi les milliers d’espèces concernées figurent notamment les bourdons qui seraient vraiment en mauvaise posture.
Plusieurs menaces pèsent sur les bourdons
Les bourdons (genre Bombus) sont des insectes essentiels à la pollinisation des plantes sauvages. Ils jouent en effet un rôle similaire à celui des abeilles et des guêpes. Ce n’est pas tout. Les bourdons représentent également le groupe de pollinisateurs menacé classé parmi les plus grands contributeurs à la valeur de la production agricole dans l’hémisphère nord.
Cependant, et comme beaucoup d’autres espèces, les populations de bourdons sont confrontées à une crise démographique dans diverses régions du monde, y compris en Europe, en Amérique du Nord et en Asie. Les spécialistes pointent ici plusieurs facteurs du doigt, dont la destruction de leur habitat naturel due à l’urbanisation, à l’agriculture intensive et à la déforestation, les changements climatiques, l’exposition aux pesticides agricoles ou encore la propagation de certaines maladies, telles que le pathogène Nosema et le parasite Crithidia.
Dans le cadre de ces nouveaux travaux publiés dans la revue Nature, des chercheurs belges ont tenté de déterminer l’avenir des bourdons en Europe.

Vers un possible effondrement des populations
Pour établir ses projections, l’équipe a examiné toutes les données pertinentes recueillies dans la région depuis plus d’un siècle. Elle a ensuite utilisé des modèles capables de prendre en compte divers scénarios d’évolution du climat et de l’utilisation des terres habitables par les bourdons au fil du temps.
Selon les scénarios les plus probables, les chercheurs ont estimé que de nombreuses espèces de bourdons européens actuellement épargnées commenceront à décliner d’ici plusieurs décennies. Plus précisément, entre 38 % et 76 % de ces espèces pourraient perdre au moins 30 % de leurs terres habitables d’ici 2061 à 2080, par rapport à leur aire de répartition actuelle de 2000 à 2014. Les espèces évoluant près du cercle arctique et dans les régions montagneuses très élevées pourraient perdre de leur côté au moins 90 % de leur territoire d’ici 2060.
Tous les scénarios soulignent également que certaines parties de la Scandinavie deviendront des refuges potentiels. Cependant, il n’est pas non plus certain que ces zones resteront exemptes de facteurs de stress anthropiques supplémentaires non pris en compte par les modèles actuels. Des recherches supplémentaires seront nécessaires pour mieux appréhender les manières dont le changement climatique et la perte d’habitat affecteront les populations de bourdons à l’avenir. Toutefois, pour les chercheurs, le constat global est clair : le sort des bourdons du monde est littéralement entre nos mains.