Bouleversement de la circulation atmosphérique et coup de froid en vue

Température vers 1400 m prévue par le modèle GFS lundi 26 février / Crédits : Meteociel

L’écoulement atmosphérique à grande échelle devrait connaitre un bouleversement important pour cette dernière décade de février. En effet, les hautes pressions sont prévues migrer massivement vers les latitudes nordiques ce qui ouvrirait la porte à un flux de nord-est apportant une masse d’air très froid sur l’Europe d’ici la fin février. Dernière cartouche hivernale avant le printemps ou prémices d’un hiver jouant les prolongations ? 

Le réchauffement stratosphérique soudain (SSW) de type scission qui s’est mis en place il y’a environ une semaine a, comme attendu, été intense et a complètement déstructuré l’intense tourbillon cyclonique habituellement présent en hiver au pôle dans la stratosphère. Lorsque les vents s’inversent totalement et forment une faible circulation anticyclonique comme ça a été le cas on parle de SSW majeur. Cela se produit en moyenne une fois tous les 2 ou 3 hivers.

Cette déstructuration du tourbillon polaire en stratosphère (aussi appelé vortex polaire) a ensuite tendance à se propager vers la surface. Cette propagation peut avoir une vitesse variable suivant les évènements et elle n’atteint pas toujours la troposphère, la couche d’atmosphère située plus bas et dans laquelle l’essentiel des phénomènes météorologiques se produit. Dans le cas du SSW actuel, la perturbation se propage effectivement et va commencer à influencer la troposphère les prochains jours. Cette influence « par le haut » tend à être suivie d’une hausse des circulations anticycloniques vers les latitudes polaires. Une telle disposition des centres d’actions favorise l’advection de masses d’air froid vers les moyennes latitudes. Toutefois, bien que ce schéma de circulation soit favorisé après un SSW majeur, il ne se produit pas forcément.

Illustration de la déstructuration du vortex polaire en basse stratosphère entre le 4 et le 19 février. Source : https://www.pa.op.dlr.de/arctic/ecmwf.php

Illustration de la déstructuration du vortex polaire en basse stratosphère entre le 4 et le 19 février. Source : https://www.pa.op.dlr.de/arctic/ecmwf.php

Le cas présent, les prévisions des modèles tendent à se projeter sur une configuration que l’on serait en droit d’attendre après un SSW majeur de type scission. Les hautes pressions devraient en effet s’élever vers le Royaume-Uni dans un premier temps, puis s’étendre et se renforcer entre la Scandinavie et l’Islande. Le flux s’orienterait ainsi à l’est/nord-est en apportant de l’air froid puis très froid sur l’Europe en cours de dernière décade. En ce qui concerne la France, la moitié nord du pays paraît particulièrement exposée bien qu’à cette échéance il est encore trop tôt pour cibler précisément sur une échelle aussi fine. Sur la carte ci-dessous qui présente la prévision moyenne du modèle ensembliste GEFS pour la pression, on note une véritable inversion de la circulation pour la fin février. En suivant les isobares, on met en évidence des vents d’est de l’Europe jusqu’au centre Atlantique. Totalement opposé au régime habituel de vents d’ouest !

Moyenne du modèle ensembliste GEFS pour la pression de surface fin février en isolignes blanches et en altitude en couleurs. On note la vaste cellule anticyclonique au nord et le flux d'est marqué sur l'Europe. Source : www.meteociel.fr

Moyenne du modèle ensembliste GEFS pour la pression de surface fin février en isolignes blanches et en altitude en couleurs. On note la vaste cellule anticyclonique au nord et le flux d’est marqué sur l’Europe. Source : www.meteociel.fr

En résumé, à l’heure actuelle, ce qui est a priori acquis c’est le bouleversement de l’écoulement atmosphérique à grande échelle en troposphère, faisant suite à l’influence du SSW, avec un courant s’orientant progressivement au secteur est/nord-est et apportant une masse d’air très froid sur l’Europe pour cette fin février (entre -10 à -15°C vers 1500 mètres, peut-être moins). La proportion du pays qui sera concernée par cette dernière est encore sujette à des incertitudes, notamment l’ampleur de son extension vers le sud de l’Hexagone.

Il n’est pas improbable que cette configuration hivernale se poursuive jusqu’en mars. Alors que le printemps approche, l’hiver semble vouloir s’installer…

Moyenne du modèle ensembliste GEFS concernant la température de la masse d'air à 1500 mètres pour la fin février. Source : www.meteociel.fr

Moyenne du modèle ensembliste GEFS concernant la température de la masse d’air à 1500 mètres pour la fin février. Source : www.meteociel.fr