Boire trop d’alcool peut modifier l’ADN, entraînant un désir plus grand d’alcool

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Une récente étude publiée dans la revue Alcoholism : Clinical & Experimental Research suggère qu’une consommation excessive d’alcool peut modifier l’expression de certains gènes, entraînant un désir d’alcool encore plus grand.

Outre le fait qu’une consommation excessive d’alcool affecte notre santé à bien des égards, elle peut également entraîner un changement génétique durable. Problème : ces changements génétiques entraînent un désir encore plus grand d’alcool. Ceci pourrait en partie expliquer pourquoi certaines personnes, malgré les effets indésirables de multiples gueules de bois, continuent de consommer encore plus d’alcool, quand d’autres savent qu’il faut s’arrêter.

« Nous avons constaté que les personnes qui boivent beaucoup d’alcool modifient leur ADN de manière à les inciter davantage à consommer de l’alcool, explique Dipak K. Sarkar, de l’Université Rutgers-Nouveau-Brunswick (États-Unis), et principal auteur de l’étude. Cela pourrait aider à expliquer pourquoi l’alcoolisme est une dépendance aussi puissante, et pourrait un jour contribuer à de nouvelles façons de traiter l’alcoolisme ou d’empêcher les personnes à risque de devenir dépendantes ».

Cercle vicieux

Les chercheurs se sont concentrés sur deux gènes impliqués dans notre comportement face à l’alcool : PER2, qui influence l’horloge biologique du corps, et POMC, qui régit notre système de réponse au stress. En comparant les prises de sang de buveurs modérés, occasionnels et excessifs (jugés excessifs si 8 verres de bière/semaine pour les femmes et 15 pour les hommes), les chercheurs ont découvert que ces deux gènes avaient évolué chez les buveurs excessifs. Plus précisément, les gros buveurs ont montré des réductions de l’expression de ces gènes (réduction de la vitesse à laquelle ces gènes créent des protéines). Et plus la consommation d’alcool était élevée, moins ces changements dans l’expression des gènes étaient appuyés.

Lors d’une autre expérience, chaque buveur a été invité à visionner trois types d’images : stressantes, neutres, et certaines liées à l’alcool. Les chercheurs ont ensuite proposé des verres de bière que chaque participant pouvait déguster. Leur motivation à boire de l’alcool a ici pu être évaluée. Il semblerait alors que ces changements génétiques induits par l’alcool chez les buveurs excessifs soient également associés à un plus grand désir d’alcool. Un véritable cercle vicieux, en quelque sorte.

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Boire trop d’alcool pourrait changer vos gènes. Crédits : Pixabay.

Prédire le risque de consommation excessive

Des études antérieures ont montré que l’alcool peut effectivement « illuminer » les zones de récompenses dans le cerveau, déclenchant une sensation de bien-être. Peut également se déclarer une addiction. Cette étude, en revanche, suggère que cette addiction peut également s’inscrire dans notre ADN au fil du temps. À terme, ces résultats pourraient amener les chercheurs à identifier des biomarqueurs qui pourraient permettre de prédire le risque de consommation excessive d’alcool chez un individu.

On rappelle que la consommation excessive d’alcool inquiète de plus en plus les autorités sanitaires. Celle-ci serait responsable de plus de 5 % de tous les décès dans le monde, soit environ trois millions de personnes par an, révélait il y a quelques mois un rapport alarmant de l’OMS. Et ce sont les jeunes qui seraient les plus concernés.

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