Boire des sodas « sans sucres » peut-il vous rendre obèse et malade ?

Crédits : Flickr / Yeah Im Kenny

Une nouvelle étude présentée cette semaine à la conférence annuelle de biologie expérimentale suggère que les édulcorants – notamment présents dans les sodas « sans sucres » – pourraient contribuer à des problèmes de santé comme le diabète de type 2.

Un diabète se déclare lorsque notre corps devient incapable de maintenir des niveaux de glucose adéquats dans le corps – un processus largement régulé par l’insuline. Si l’hormone n’est plus produite en quantité suffisante, on observe alors un excès de sucre dans le sang, et donc un taux de glucose (glycémie) trop élevé. Pour cette raison, les édulcorants artificiels ont longtemps été présentés comme une alternative pour justifier le fait de consommer des friandises et des boissons gazeuses en toute sécurité, sans augmenter le risque de ce type de maladie. Pourtant, les taux de diabète et d’obésité ont continué de monter en flèche à partir des années 1950, moment où les aliments et les boissons riches en édulcorants sont devenus largement disponibles.

Partant de ce constat, des chercheurs du Medical College du Wisconsin et de l’Université Marquette (États-Unis) ont alors cherché à savoir si les édulcorants pouvaient avoir les mêmes effets qu’un excès de sucre. Ils ont pour ce faire étudié en laboratoire des rats sujets au diabète de type 2. Pendant trois semaines, différents groupes de rongeurs ont reçu des doses élevées de deux sucres – le glucose et le fructose – et de deux édulcorants artificiels communs – l’aspartame et l’acésulfame de potassium. Avoir avoir analysé le sang des rats, les chercheurs ont alors décelé des changements biochimiques qui pourraient potentiellement conduire à des altérations du métabolisme énergétique et des graisses.

« Si les édulcorants peuvent augmenter le risque de diabète, ils le font probablement différemment du sucre », explique Brian Hoffman, ingénieur biomédical dans les deux institutions impliquées dans l’étude. Quand votre corps ne reçoit pas l’énergie dont il a besoin – et nécessite du sucre pour fonctionner correctement – il trouve potentiellement cette source ailleurs. Les chercheurs supposent que les édulcorants sans calories pourraient changer la façon dont le corps métabolise les graisses et comment il utilise les réserves d’énergie. « Nous avons observé qu’avec modération, votre corps a la machinerie pour manipuler le sucre, c’est quand le système est surchargé sur une longue période de temps que cette machine tombe en panne », poursuit le chercheur. « Nous avons également observé que le remplacement de ces sucres par des édulcorants artificiels non caloriques conduit à des changements négatifs dans le métabolisme des graisses et de l’énergie ».

En d’autres termes, les édulcorants consommés en grandes quantités feraient ainsi croire au corps qu’il ne reçoit pas assez de calories. La différence entre la quantité d’énergie que le corps pense être sur le point de recevoir et celle qu’il obtient réellement peut alors l’amener à chercher des sources alternatives.

L’analyse du sang des rongeurs aurait ici révélé – au bout de seulement trois semaines – des preuves de dégradation des protéines, ce qui signifie probablement que leurs corps se sont tournés vers le brûlage des muscles comme source d’énergie. Ils ont également trouvé des niveaux plus élevés de lipides et d’autres graisses, ce qui au fil du temps pourrait contribuer à augmenter les risques d’obésité et de diabète.

« La plupart de ces édulcorants ont été approuvés bien avant que nous disposions de la technologie nécessaire pour effectuer des études comme celle-ci », note Brian Hoffman. « Ils n’ont donc pas été en mesure d’examiner en profondeur certains des effets potentiels causés. En connaissant les changements biochimiques qu’ils provoquent à travers ces études à grande échelle, nous pouvons adopter une approche impartiale du problème et envisager d’autres solutions ».

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