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Image conceptuelle d'un astronaute Artemis marchant sur la surface lunaire. Crédits : NASA

Blue Origin prête à « sacrifier » deux milliards de dollars pour aller sur la Lune

Dans une lettre adressée à Bill Nelson, actuel administrateur de la NASA, le fondateur de Blue Origin, Jeff Bezos, a déclaré que son entreprise pourrait abandonner plus de deux milliards de dollars de financements si la NASA lui attribuait un contrat de système d’atterrissage lunaire habité.

Tout d’abord, un petit rappel de la situation

Les États-Unis souhaitent établir une présence humaine durable sur la Lune. Pour ce faire, la NASA développe le programme Artemis, dans le cadre duquel l’agence devait octroyer un ou plusieurs contrats visant à développer des systèmes d’atterrissage habités. Trois entreprises ont postulé : SpaceX (à hauteur de 2,9 milliards de dollars), Blue Origin (contre 5,99 milliards de dollars), et Dynetics (qui proposait 9 milliards de dollars).

En avril dernier, la NASA a finalement jeté son dévolu sur SpaceX pour transformer son véhicule Starship en atterrisseur Artemis, arguant, entre autres raisons, que l’argent alloué par le Congrès ne suffisait à soutenir le développement que d’un seul système.

La décision n’avait pas été acceptée par les deux sociétés concurrentes, qui ont rapidement déposé des protestations auprès du US Government Accountability Office, soulignant que la NASA aurait dû attribuer au moins deux contrats pour maintenir le principe de concurrence dans ce programme, comme elle l’avait initialement prévu. Le GAO a jusqu’au 4 août prochain pour statuer sur les protestations.

Entre-temps, la situation a commencé à évoluer en faveur de Blue Origin. Le Sénat américain a en effet adopté un projet de loi permettant le déblocage de dix milliards de dollars pour le développement d’atterrisseurs lunaires privés supplémentaires. Bill Nelson, l’actuel administrateur de la NASA, avait fait pression sur le Congrès pour obtenir un financement supplémentaire afin de pouvoir soutenir un deuxième fournisseur d’atterrissage lunaire, et ce quel que soit le résultat des protestations du GAO.

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L’atterrisseur proposé par Blue Origin. Crédits : NASA

Les soldes chez Blue Origin

Pour se donner toutes les chances de pouvoir bénéficier de cette rallonge budgétaire, Jeff Bezos a pris les devants. Dans une lettre du 26 juillet à Bill Nelson, Bezos a en effet déclaré que la société pourrait renoncer à deux milliards de dollars au cours des premières années d’exercice du programme Artemis si la NASA lui accordait un contrat similaire à celui de SpaceX. Blue Origin serait également prête à financer elle-même une première mission de démonstration.

« Nous sommes prêts à aider la NASA à modérer ses risques techniques et à résoudre ses contraintes budgétaires et à remettre le programme Artemis sur une voie plus compétitive, crédible et durable« , écrit notamment Bezos dans cette lettre, selon Spacenews. « Cette offre n’est pas un report, mais une renonciation pure et simple à ces paiements« , poursuit-il. « La NASA s’est écartée de sa stratégie d’acquisition à double source d’origine en raison de problèmes budgétaires perçus à court terme, et cette offre supprime cet obstacle« .

L’approche est naturellement maligne, puisque Bezos apporte une solution au problème posé il y a quelques mois par la NASA, à savoir le manque de financement.

Bezos ajoute que Blue Origin accepterait un contrat à prix fixe. En cas d’accord, la NASA attribuerait donc un financement à Blue Origin en échange de ses prestations. À Blue Origin de se débrouiller ensuite pour satisfaire les demandes de la NASA avec cette enveloppe. Auparavant, l’agence américaine avait en effet tendance à faire des « chèques en blanc », ce qui favorisait les dépassements de coûts.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.