Un Ā«Ā blobĀ Ā» massif en plein Pacifique entraĆ®ne une augmentation des niveaux d’ozone dans l’air

CrƩdits : American Geophysical Union

Une Ć©tude rapporte quā€™une vaste zone dā€™eau anormalement chaude situĆ©e en plein Pacifique surnommĆ©e The Blob entraĆ®ne une augmentation des niveaux dā€™ozone au-dessus des Ɖtats-Unis.

Le Ā«Ā BlobĀ Ā» est aujourdā€™hui considĆ©rĆ© comme Ā«Ā lā€™Ć©vĆ©nement mĆ©tĆ©orologique le plus inhabituel que nous ayons connu depuis des dĆ©cenniesĀ Ā» si lā€™on en croit les dires de Dan Jaffe, chercheur Ć  lā€™UniversitĆ© de Washington. Cette vaste zone qui peut couvrir jusquā€™Ć  9 millions de kilomĆØtres carrĆ©s du Mexique Ć  lā€™Alaska Ć  son apogĆ©e Ć©tait jusquā€™alors connue pour ses effets dĆ©vastateurs sur la biodiversitĆ© marine. Elle est liĆ©e Ć  plusieurs mortalitĆ©s massives dans lā€™ocĆ©an au cours de lā€™annĆ©eĀ 2015, y compris des milliers dā€™otaries de Californie qui meurent de faim dans des eaux de plus de trois degrĆ©s supĆ©rieures Ć  la moyenne, sans compter les hĆ©catombes dā€™oiseaux de mers enregistrĆ©es dans tout lā€™Ouest amĆ©ricain. Il semblerait aujourdā€™hui que les effets se fassent Ć©galement ressentir sur la qualitĆ© de lā€™air.

Dan Jaffe et son Ć©quipe ont en effet analysĆ© les donnĆ©es de surveillance des niveaux dā€™ozone au-dessus des Ɖtats-Unis depuis 2004 et lā€™annĆ©eĀ 2015 bat tous les records. Les chercheurs se sont alors demandĆ© si le Ā«Ā blobĀ Ā» pouvait Ć©galement avoir Ć©tĆ© le moteur de cette poussĆ©e massive de lā€™ozone. En utilisant plusieurs satellites positionnĆ©s partout dans le monde pour suivre les fluctuations de la tempĆ©rature sur la surface de lā€™ocĆ©an Pacifique entre 2014 et 2016, ils ont alors comparĆ© ces donnĆ©es avec les records de tempĆ©ratures enregistrĆ©s dans les eaux de surface de ce mĆŖme ocĆ©an en 1910. Mais ce quā€™ils ont dĆ©couvert Ć©tait diffĆ©rent de tout phĆ©nomĆØne naturel jamais vu dans lā€™histoire.

DiffƩrence de tempƩrature de surface en mai 2015 comparƩe Ơ la moyenne de 2002 Ơ 2012 / American Geophysical Union

Ā«Ā Ce phĆ©nomĆØne est quelque chose de nouveauĀ Ā», explique Chelle Gentemann, de lā€™UniversitĆ© de Seattle, au National Geographic. Ā«Ā Cet Ć©vĆ©nement est sans prĆ©cĆ©dent, tant sur lā€™ampleur que sur la durĆ©e. Il nā€™y a simplement rien de tel dans notre dossier historiqueĀ Ā». Ils ont constatĆ© quā€™en juin 2015, une hausse des tempĆ©ratures de lā€™ocĆ©an couplĆ©e Ć  une couverture nuageuse basse avait poussĆ© les niveaux dā€™ozone Ć  ĆŖtre entre 3 et 13 parties par millions (ppm) supĆ©rieures Ć  la moyenne sur le nord-ouest des Ɖtats-Unis. Certaines zones ayant des niveaux dā€™ozone dĆ©jĆ  Ć©levĆ©s comme Salt Lake City et Sacramento ont mĆŖme vu leurs niveaux dā€™ozone poussĆ©s au-dessus des limites autorisĆ©es par le gouvernement fĆ©dĆ©ral.

Dans des conditions normales, les vents de la cĆ“te ouest courent le long de la surface ce qui permet Ć  lā€™eau plus fraĆ®che de remonter Ć  la surface, Ć©quilibrant ainsi les tempĆ©ratures. Mais la chaleur enregistrĆ©e Ć  la surface de lā€™ocĆ©an est telle que les tempĆ©ratures se sont mises Ć  stagner au-dessus des Ɖtats-Unis avec pour effet dā€™affaiblir les vents cĆ“tiers. Ces derniers nā€™Ć©tant plus en mesure de pousser la couche chaude supĆ©rieure du Pacifique loin de la rive, les eaux plus froides ne remontent pas et les tempĆ©ratures restent Ć©levĆ©es. En bref, cā€™est un cercle vicieux. RĆ©sultat, une rĆ©action chimique se produitĀ : le rayonnement ultraviolet solaire (lumiĆØre du soleil) brise les molĆ©cules dā€™oxygĆØne et relĆØve les niveaux dā€™ozone dā€™un cran.

Alors que le pic dā€™ozone nā€™Ć©tait pour lā€™heure que temporaire, lā€™Ć©quipe dit que nous devrions prendre cela comme un avertissement pour lā€™avenir. Les chercheurs savaient dĆ©jĆ  quā€™il existait un lien entre les tempĆ©ratures atmosphĆ©riques plus Ć©levĆ©es et la production dā€™ozone, mais ils savent maintenant Ć  quel point les tempĆ©ratures des eaux de surface peuvent affecter lā€™air ambiant. Rappelons que la pollution Ć  lā€™ozone est connue pour causer des troubles respiratoires graves, y compris des pneumonies, de lā€™asthme et des bronchites.

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