Suite à une étude portant sur le bisphénol A, l’Agence européenne de l’environnement (AEE) s’est montrée formelle : ce perturbateur endocrinien est présent chez 92 % des Européens, ce qui représente un danger potentiel pour la santé de millions de personnes.
Un complément plus présent que prévu
En 2019, des chercheurs américains estimaient que la présence de bisphénol A (BPA) dans les organismes serait largement sous-estimée. En effet, le protocole de dépistage qui était considéré comme fiable ne le serait finalement pas, tout comme les moyennes de BPA relevées chez les personnes testées. Pour les auteurs, il y aurait ainsi 48 fois plus de BPA dans les organismes que ce que la Science pensait jusqu’alors.
Plus récemment, l’Agence européenne de l’environnement (AEE) s’est basée sur une étude de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) concernant le bisphénol A. Dans un communiqué publié le 14 septembre 2023, l’AEE affirme que le BPA a été détecté chez 92 % des participants adultes de onze pays européens. Par ailleurs, dans ces pays ayant participé à l’initiative de bio-surveillance du BPA, le niveau de dépassement variait entre 71 % et 100 %.
Si l’étude américaine 2019 relevait une présence du BPA plus importante que prévu dans les organismes, la récente étude présentée par l’AEE montre quant à elle une plus grande répartition de ce composé chez les Européens que ce que l’on pensait jusqu’alors.
Une situation assez confuse
Rappelons au passage que le bisphénol A est un composé chimique de la famille des aromatiques que l’on utilise principalement dans la fabrication de nombreux produits comme les bouteilles en plastique, emballages et autres produits en tout genre (notamment les jouets et fournitures scolaires). Or, le BPA faciliterait l’apparition de nombreuses pathologies en raison des perturbations hormonales causées, comme certains cancers (sein, prostate), maladies cardiovasculaires, malformations congénitales, diabète ou encore, infertilité. Dans certains pays dont la France, le BPA est aujourd’hui interdit. Au sein de l’Union européenne et aux États-Unis, l’usage de ce composé est de plus en plus restreint, mais des limitations plus drastiques tardent à arriver.
En attendant, les organismes européens affirment que l’exposition au BPA est supérieure au niveau de sécurité sanitaire acceptable et constitue ainsi un risque pour la santé de millions de personnes. En revanche, il existe un débat concernant la dose à partir de laquelle le BPA est réellement dangereux pour les humains. L’EFSA estime que cette dose a été surestimée durant une précédente évaluation et l’a divisée par 20 000, une affirmation que rejette en bloc un autre organisme important : l’Agence européenne des médicaments (EMA).