Les mammifères sauvages ne font pas le « poids » comparés aux humains

MAMMIFÈRES SAUVAGES
Crédits : baluda/pIXABAY

Les mammifères comprennent certaines des espèces animales les plus iconiques. Malgré leur statut, on n’avait aucune estimation rigoureuse de leur biomasse globale. Dans le cadre de nouveaux travaux, des chercheurs ont cependant quantifié ce paramètre. Les données pourraient servir de référence holistique pour analyser les tendances temporelles et soutenir les efforts de conservation de la nature.

Compte tenu du taux d’extinction constant des animaux sauvages essuyé au cours de ces deux derniers siècles, il devient extrêmement urgent de faire le point sur la faune restante sur Terre et de l’utiliser comme référence pour évaluer les tendances récentes et futures. Obtenir des estimations précises de la biomasse totale de n’importe quel taxon est un défi. Cependant, pour les mammifères sauvages, une quantité relativement importante de données de recensement est disponible, ce qui rend un tel effort plus réalisable.

Dans le cadre de cette étude, des scientifiques de l’Institut Weizmann des sciences d’Israël ont collecté des données de biomasse sur environ la moitié de tous les mammifères connus et ont utilisé des modèles informatiques d’apprentissage automatique sur d’autres échantillons zoologiques pour calculer l’autre moitié. Leurs travaux sont publiés dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).

Pour rappel, nous parlons ici de masse et non de poids. La masse mesure la quantité de matière et s’exprime en kilogramme. Le poids modélise l’attraction exercée par la Terre sur tout ce qui est en surface. Il se mesure en Newton.

Le bétail loin devant

Les mammifères terrestres sauvages vivants aujourd’hui ont une masse totale de 22 millions de tonnes. En comparaison, l’humanité pèse désormais un total d’environ 390 millions de tonnes. Autrement dit, la masse totale des mammifères sauvages est inférieure à 10 % de celle de l’humanité. Dans le même temps, les espèces domestiquées et les rongeurs urbains pèsent plus de 630 millions de tonnes.

Pour mieux se rendre compte de cet écart, notez que la biomasse des porcs à elle seule représente quasiment le double de celle de tous les mammifères terrestres sauvages réunis. Les chats auraient quant à eux une biomasse totale d’environ deux millions de tonnes, ce qui représente près du double de celle de l’éléphant de savane africaine.

« Lorsque vous regardez des documentaires sur la faune à la télévision, par exemple sur la migration des gnous, il est facile de conclure que les mammifères sauvages se portent plutôt bien« , a déclaré l’auteur principal Ron Milo. En réalité, l’idée que la Terre est une planète qui possède encore de grandes plaines et des jungles regorgeant d’animaux sauvages est aujourd’hui sérieusement en décalage avec la réalité.

lions ocytocine mammifères
Crédits : Helgede1/Pixabay

Les écarts dans le nombre de « têtes » sont également impressionnants. Rappelons que nous sommes désormais plus de huit milliards sur la planète, soit trois fois plus nombreux qu’en 1950. D’après une infographie récemment publiée par le quotidien hongkongais South China Morning Post, la population humaine devancerait celle des rats, estimée à sept milliards d’individus. Loin derrière figureraient les bovins (1,5 milliard), les ovins (1 milliard), les chiens (900 millions), les porcs (780 millions) et les chats (440 millions).

La prochaine phase de l’étude évaluera la part de la perte de biomasse survenue au cours des cent dernières années.