Marie Curie (1867-1934), tout savoir sur cette physicienne

Pierre Marie Curie
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Marie Curie a été récompensée par deux prix Nobel pour ses recherches en physique et en chimie, partiellement menées avec son mari Pierre Curie. Les travaux de cette grande figure féminine du XXe siècle ont entre autres aussi permis d’ouvrir les portes de la physique nucléaire ou encore de la radiothérapie.

Enfance et jeunesse

Née à Varsovie (Pologne) en 1867, Marie Curie (née Maria Sklodowska) est issue d’une famille d’enseignants. Dans un contexte d’occupation russe de plus en plus oppressant pour les Polonais, sa famille doit faire face à de sérieux problèmes financiers et une tragédie : la sœur et la mère de Marie meurent respectivement du typhus en 1876 et de la tuberculose en 1878.

Ainsi, après avoir obtenu la médaille d’or en 1883 dans le cadre de son diplôme de fin d’études secondaires, Marie occupe un poste d’institutrice pendant plusieurs années. En parallèle, elle soutient son autre sœur Bronia désirant devenir médecin à Paris. Lorsque cette dernière parvient à obtenir son indépendance financière, celle-ci invite Marie à la rejoindre en 1891, à l’âge de 24 ans.

Études supérieures

Marie s’inscrit à la faculté des sciences de Paris pour des études de physique. En 1883, l’intéressée obtient sa licence en sciences physiques en étant major de sa promotion. Un an plus tard, la jeune femme rejoint le laboratoire de recherche du physicien Gabriel Lippmann (prix Nobel de physique en 1908) où elle réalise des travaux de recherche sur les propriétés magnétiques de différents aciers.

Peu après, Marie rencontre Pierre Curie, chef des travaux de physique à l’École municipale de physique et de chimie industrielle de Paris, avec qui elle travaillera et débutera une relation intime. Après une période durant laquelle la chercheuse rentre à Varsovie pour se rapprocher de sa famille et participer à l’émancipation de la Pologne, celle-ci revient finalement en France pour se marier avec Pierre Curie en 1895.

En 1896, Marie Curie est reçue première au concours d’agrégation pour l’enseignement des jeunes filles section mathématiques. Cependant, elle ne sera pas enseignante, préférant préparer une thèse de doctorat tout en suivant les cours du physicien Marcel Brillouin et documentant ses travaux sur les aciers.

Thèse et découverte du radium

En 1896, le physicien Henri Becquerel découvre la radioactivité par hasard (rayons de Becquerel) en effectuant des recherches sur la fluorescence des sels d’uranium. Le sujet de thèse de Marie Curie se concentre à partir de 1897 sur les rayonnements produits par l’uranium, et celle-ci découvre la radioactivité du thorium. Après avoir quantifié les capacités ionisantes des sels d’uranium, Marie Curie élabore un protocole d’expérience utilisant comme banc de mesure l’électromètre piézoélectrique élaboré par son mari. Il s’agit d’un dispositif permettant de mesurer avec précision l’effet des rayonnements sur l’ionisation de l’air.

Marie Curie parvient à démontrer que la pechblende (minéral radioactif d’uranium) et la chalcolite (composée de phosphate d’uranium) sont deux à quatre fois plus radioactives que l’uranium. Finalement, ces travaux permettent de démontrer que les rayons de Becquerel sont une propriété de l’atome et non une propriété chimique. Présentées le 12 avril 1898 par Gabriel Lippmann à l’Académie des sciences, ces recherches valent à Marie Curie d’être récompensée par le prix Gegner.

Pierre et Marie Curie entament alors une étude sur la radioactivité. Il est question d’isoler les éléments à l’origine du rayonnement inconnu de roches radioactives (pechblende). Le raffinage du minerai – procédé très dangereux et opéré dans des conditions difficiles – permet la découverte de deux nouveaux éléments : le polonium et le radium, respectivement 400 et 900 fois plus radioactifs que l’uranium.

En 1902, Marie Curie obtient un décigramme de chlorure de radium, ce qui lui permet d’identifier la position de l’élément en question dans le tableau de Mendeleïev. En 1903, la physicienne présente sa thèse baptisée Recherches sur les substances radioactives obtenant la mention « très honorable ». Quelques mois plus tard, elle reçoit le prix Nobel de physique avec son mari et Henri Becquerel. Marie Curie devient la première femme à recevoir le prix Nobel ainsi que la Médaille Davy de la Royal Society (Royaume-Uni), également en 1903.

Deuxième prix Nobel

Pierre Curie décroche en 1904 un poste de professeur titulaire d’une nouvelle chaire de physique à la faculté des sciences de l’Université de Paris. Marie Curie y devient cheffe de travaux, installée dans de nouveaux laboratoires. Après la douleur qui suit la mort accidentelle de son mari en 1906, Marie reprend la direction de la chaire de physique et devient la première femme professeure à la Sorbonne.

En 1910, la chercheuse parvient à isoler un gramme de radium sous forme de métal pur, et publie ensuite son Traité de radioactivité. Malgré un énorme scandale éclatant en 1911 en France au sujet d’une liaison extraconjugale supposée entre le physicien Paul Langevin et Marie Curie, cette dernière reçoit la même année le prix Nobel de chimie.

Atteinte d’une leucémie radio-induite ayant déclenché une anémie aplasique après toutes ses années d’exposition, Marie Curie continue tout de même d’assurer la direction de la section de physique et chimie de l’Institut du radium, qu’elle a créé en 1914. Hospitalisée en 1934 au sanatorium de Sancellemoz (Haute-Savoie), la scientifique décédera quelques jours après son arrivée.

Féminisme et autres faits

Marie Curie est une importante figure féminine du XXe siècle. Excellente pendant ses études, brillante durant ses recherches, cette scientifique est la première femme à recevoir le prix Nobel et la Médaille Davy. Elle a également été la première personne à obtenir deux prix Nobel pour ses travaux scientifiques et la première femme professeure à la Sorbonne, à une époque où le sexisme était bien plus criant qu’aujourd’hui. De plus, entre 1906 et 1934, elle accueillera 45 femmes sans aucune sélection sexiste dans le cadre de ses recrutements. Elle transmettra également sa passion à sa fille aînée, Irène, qui obtiendra le prix Nobel de Chimie en 1935.

Durant la guerre de 14-18, elle met en place un service de radiologie mobile pour soigner les blessés (les « petites Curies ») à l’aide des rayons X. Ceux-ci permettent alors d’améliorer les conditions d’opérations chirurgicales. Avec son époux, Marie Curie refusera plus tard la Légion d’honneur – n’en voyant pas l’utilité – regrettant que cette distinction ne lui ait pas été décernée pour le « fait de guerre » que représentait son service de radiologie mobile.

Pour lui rendre hommage, l’année 2011 a été proclamée « année Marie Curie » et Année internationale de la chimie par l’Assemblée générale des Nations unies pour célébrer le centième anniversaire de son prix Nobel de chimie.

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