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Crédits : aphotostory/istock

Des biocroûtes protègent la Grande muraille de Chine

Autrefois considérée comme un rempart impénétrable, la Grande Muraille de Chine a résisté au temps et aux conditions météorologiques, bien que jusqu’à 30 % de la section de l’ère Ming ait disparu au cours des cinq cents dernières années. On attribuait auparavant cette détérioration aux effets néfastes des cyanobactéries, des lichens et des mousses qui résidaient à l’intérieur du mur. Cependant, de nouvelles recherches suggèrent que ces biocroûtes jouent en réalité un rôle crucial dans la préservation de cette incroyable structure.

Des biocroûtes sur la Grande Muraille

La Grande Muraille a été construite à différentes époques de l’histoire chinoise par diverses dynasties. La section Ming fait référence à la portion construite pendant la dynastie Ming qui régnait sur la Chine de 1368 à 1644. Cette section est l’une des parties les plus célèbres et les mieux préservées de la Grande Muraille, caractérisée par ses hauts murs de briques et ses fortifications distinctives. Les empereurs de la dynastie Ming avaient entrepris des projets de construction majeurs pour renforcer et étendre la muraille afin de se protéger contre les invasions potentielles des tribus du nord.

À l’époque, on utilisait toutefois fréquemment de la terre battue comme matériau de construction. Or, cette approche favorisait la croissance de cyanobactéries, de mousses et de lichens à l’intérieur des murs. La section Ming est également concernée. Lors d’études approfondies, des échantillons prélevés dans huit sections spécifiques de cette portion de la muraille ont en effet révélé que 67 % d’entre eux contenaient des biocroûtes formées par ces organismes.

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Une vue rapprochée des biocroûtes sur la Grande Muraille. Crédits : Bo Xiao

Un effet protecteur

Pour évaluer l’impact de ces biocroûtes sur la structure, des chercheurs ont récemment entrepris une comparaison de la résistance mécanique entre les échantillons prélevés et ceux constitués uniquement de terre battue.

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Le chercheur Yousong Cao prélève un échantillon sur la Grande Muraille. Crédits : Bo Xiao

Les résultats ont montré que les biocroûtes confèrent une stabilité impressionnante à la muraille. Comparées à la terre battue nue, les sections qui en sont recouvertes présentaient une réduction de 2 à 48 % de porosité, de capacité de rétention d’eau, d’érodabilité et de salinité, ainsi qu’une augmentation de 37 à 321 % de la résistance à la compression, de la résistance à la pénétration, de la résistance au cisaillement et de la stabilité globale.

Les biocroûtes semblent parvenir à ce résultat en sécrétant des substances qui se lient à la terre battue, formant une structure semblable au ciment. Ce produit durci contribue alors à amortir les effets du climat, tels que le vent, la pluie et les variations de température.

Les chercheurs concluent que les biocroûtes agissent ainsi comme des stabilisateurs, des consolidateurs, des couches sacrificielles et des toits drainants, combinant plusieurs fonctions de protection en une approche respectueuse de l’environnement.

Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Science Advances.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.