L’énergie nucléaire, une technologie autrefois saluée pour son potentiel infini, a vu son développement ralentir aux États-Unis en raison de divers obstacles économiques, réglementaires et technologiques. Cependant, un nouvel espoir émerge grâce aux efforts de TerraPower, une entreprise fondée par Bill Gates, qui vise à révolutionner cette industrie avec des réacteurs de nouvelle génération. Cette initiative pourrait non seulement revitaliser l’énergie nucléaire, mais également offrir une solution viable à la crise climatique actuelle.
Des défis historiques
Depuis son essor initial, l’industrie nucléaire américaine a été marquée par de nombreux défis. Les premiers réacteurs à eau sous pression, développés il y a plus de 40 ans, ont été les piliers de la production d’énergie nucléaire. Cependant, la construction et l’entretien de ces centrales se sont avérés extrêmement coûteux. En plus des dépenses initiales de construction, les coûts opérationnels, les prix des carburants et les frais d’ingénierie ont en effet lourdement pesé sur cette industrie.
Un autre obstacle majeur a été la gestion des déchets nucléaires. Aux États-Unis, la majorité est en effet stockée dans des réservoirs sur des sites appartenant au ministère de l’Énergie. Ces méthodes de stockage temporaire posent donc des défis de sécurité à long terme et sont une source de préoccupation constante pour les régulateurs et le public.
Enfin, l’industrie nucléaire a également subi un coup dur avec l’accident de Three Mile Island en 1979. Ce dernier avait entraîné l’instauration de nouvelles mesures de sécurité et des exigences de modernisation, ralentissant considérablement la construction de nouveaux réacteurs. À l’époque, 51 réacteurs étaient en construction, mais les retards réglementaires et l’augmentation des coûts ont conduit à l’annulation de nombreux projets. Depuis lors, seules deux nouvelles centrales ont été commencées depuis 1978, témoignant du marasme dans lequel s’est enfoncée cette industrie.
L’initiative TerraPower : réinventer le nucléaire
Face à ces défis, Bill Gates a fondé TerraPower en 2008 avec l’ambition de développer des réacteurs nucléaires de nouvelle génération. Le réacteur Natrium est au cœur de cette initiative. Contrairement aux réacteurs traditionnels à eau sous pression, le Natrium utilise principalement du sodium liquide comme fluide caloporteur, ce qui présente plusieurs avantages.
Ce composé affiche en effet un point d’ébullition plus de huit fois supérieur à celui de l’eau, ce qui permet d’absorber plus de chaleur du cœur nucléaire tout en maintenant une pression constante. De plus, en cas de perte de puissance, le sodium continue à absorber la chaleur sans atteindre des températures dangereuses, réduisant ainsi le risque de fusion. Cette technologie promet donc non seulement une plus grande sécurité, mais aussi une efficacité accrue.
Un autre atout majeur des réacteurs Natrium est leur intégration avec un système de stockage d’énergie utilisant des sels fondus. Ce système permet de stocker jusqu’à un gigawattheure d’énergie, offrant la flexibilité nécessaire pour adapter la production d’électricité en fonction de la demande. Cette capacité est essentielle pour compléter les sources d’énergie renouvelable telles que le solaire et l’éolien qui sont intermittentes par nature.