Il sera bientôt trop tard pour sauver l’Amazonie, alerte une étude

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Crédits : INPE

De nouveaux travaux le confirment : l’Amazonie approche un point de bascule et risque de dépérir de façon massive dans les années à venir si les pratiques d’exploitation forestière et les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas rapidement limitées. Les résultats, obtenus grâce à une analyse avancée d’observations satellitaires à haute résolution, ont été publiés dans la revue Nature Climate Change ce 7 mars.

Plusieurs composantes du système climatique représentent des points de bascule potentiels. Il s’agit d’éléments qui, une fois passé un seuil de réchauffement donné, risquent de subir des changements brutaux et irréversibles aux échelles de temps qui nous concernent. Parmi eux, on trouve la forêt amazonienne qui menace de mourir massivement et de basculer d’une configuration de forêt tropicale à celle de savane.

Une baisse de résilience qui inquiète

Dans une nouvelle étude, des chercheurs ont montré que depuis le début des années 2000, trois quarts de l’Amazonie ont perdu en résilience. En d’autres termes, la capacité de la forêt à récupérer de perturbations comme les sécheresses ou les incendies s’est considérablement réduite. Selon les auteurs, cette observation alerte sur l’approche d’un point de bascule pour le système forestier, un peu comme si un panneau « attention danger » s’était mis à clignoter.

En effet, la perte de résilience détectée dans les données satellitaires concrétise un affaiblissement des forces de rappel qui ramènent habituellement le système vers son état d’équilibre après une perturbation. Néanmoins, « nous ne pouvons pas dire quand une transition potentielle de la forêt tropicale à la savane pourrait se produire », reconnaît Niklas Boers, un des coauteurs de l’étude. « Lorsqu’elle sera observable, il sera probablement trop tard pour l’arrêter ».

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Évolution de la résilience de l’Amazonie entre 2003 et 2016 (répartition spatiale (a), histogramme (b) et tendance (c)). Des valeurs supérieures à zéro (rouge) indiquent une diminution de la résilience et inversement pour les valeurs inférieures à zéro (bleu). Crédits : Chris A. Boulton & coll. 2022.

L’Amazonie, victime d’un stress environnemental croissant

Les scientifiques expliquent que les moteurs principaux de la perte de résilience sont d’une part l’assèchement et le réchauffement du climat régional et d’autre part l’impact direct des activités humaines par le défrichement, les pratiques de brûlis et de minage, l’élevage, etc. « Ces résultats confirment que limiter de façon forte l’exploitation forestière, mais aussi les émissions mondiales de gaz à effet de serre, est nécessaire pour sauvegarder l’Amazonie ».

On rappelle qu’en plus d’abriter une incroyable biodiversité, l’Amazonie est aussi bien un agent de stabilité du climat régional que du climat global. « Elle influence les précipitations dans toute l’Amérique du Sud grâce à son évapotranspiration et stocke d’énormes quantités de carbone qui pourraient être libérées sous forme de gaz à effet de serre en cas de dépérissement même partiel, contribuant à son tour à la poursuite du réchauffement », souligne Niklas Boers. « C’est pourquoi cette forêt tropicale est d’une importance mondiale ».