Étude : la graisse brune serait une alliée de choix contre les maladies chroniques

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Crédits : Geralt/Pixabay

Une vaste étude menée sur plus de 52 000 personnes suggère que la graisse brune peut aider à protéger contre de nombreuses maladies chroniques telles que le diabète de type 2 et l’hypertension. Les détails de ces travaux sont publiés dans la revue Nature Medicine.

Graisse blanche et graisse brune

Nous avons plus d’un type de graisse dans notre corps. Le principal type de cellules graisseuses est appelé tissu adipeux blanc, nommé ainsi pour sa couleur jaune laiteuse. L’autre est appelé tissu adipeux brun, qui est en réalité orange à rougeâtre. Bien que la graisse brune ait été longtemps étudiée chez les nouveau-nés et les animaux, ce n’est que récemment que nous avons découvert qu’elle peut également être trouvée chez certains adultes, généralement autour du cou et des épaules. Dès lors, les chercheurs se sont efforcés d’étudier ces cellules graisseuses.

Nous avons alors compris que la graisse brune ne se comporte pas de la même manière que la graisse blanche, mais plus comme un muscle. Alors que la première stocke l’énergie et est associée à un gain de poids, la graisse brune est en effet thermogénique. Autrement dit, elle augmente la chaleur dans le corps et brûle l’énergie de la graisse blanche. Toutefois, c’est à peu près tout ce que nous savions jusqu’à présent.

Le fait est qu’étudier la graisse brune est une entreprise compliquée dans la mesure où ces tissus n’apparaissent que sur les scans TEP, un type spécial d’imagerie médicale. « Ces scans sont coûteux, mais surtout, ils utilisent des radiations« , détaille Tobias Becher, premier auteur de l’étude. « Nous ne voulons pas soumettre de nombreuses personnes en bonne santé à cela« .

Les chercheurs ont ici proposé une alternative. Non loin de leur laboratoire à New York se trouve le Memorial Sloan-Kettering Cancer Center, un centre de traitement et de recherche sur le cancer fréquenté chaque année par des milliers de patients pour subir des tomodensitogrammes. Tobias Becher était conscient que les radiologues présents dans cet établissement accordent une attention particulière à la graisse brune visible sur leurs scans pour s’assurer qu’elle ne soit pas confondue avec une tumeur.

« Aussi, nous avons réalisé que cela pourrait être une ressource précieuse pour nous permettre de commencer à examiner la graisse brune à l’échelle de la population« , poursuit le chercheur.

Un risque plus faible de maladies chroniques

Grâce à cette « banque de données », les chercheurs ont examiné 130 000 TEP de plus de 52 000 patients, isolant la présence de graisse brune chez environ 10% des individus. Ils ensuite souligné que plusieurs maladies courantes et chroniques étaient moins fréquentes chez ces mêmes personnes. À titre d’exemple, seuls 4,6% d’entre eux présentaient un diabète de type 2, contre 9,5% pour les autres. De même, 18,9% avaient développé un cholestérol anormal contre 22,2% chez ceux dont la graisse brune était indétectable.

Enfin, celles et ceux qui affichaient davantage de graisse brune présentaient un risque plus faible de développer de l’hypertension, une insuffisance cardiaque congestive ou une maladie coronarienne.

Autre point intéressant, il semblerait que la graisse brune atténue les effets néfastes de l’obésité sur la santé. Les chercheurs ont en effet constaté que parmi les personnes obèses qui présentaient de la graisse brune, la prévalence de maladies cardiaques et métaboliques était similaire à celle des personnes non obèses. « On aurait dit qu’ils étaient protégés des effets nocifs de la graisse blanche« , souligne Tobias Becher.

Cette étude étend ainsi les bienfaits pour la santé de la graisse brune. « Pour la première fois, il révèle un lien avec un risque plus faible de certaines maladies« , souligne Paul Cohen, de l’hôpital universitaire Rockefeller. « Ces résultats nous rendent plus confiants quant au potentiel de ciblage de la graisse brune pour un bénéfice thérapeutique« .

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Sur ces scans TEP, la personne de gauche a du tissu adipeux brun autour du cou et de la colonne cervicale. La personne de droite n’en présente aucun. Crédit: Andreas G. Wibmer et Heiko Schöder.

Des mécanismes métaboliques encore mystérieux

Pour l’heure, les mécanismes par lesquels la graisse brune peut contribuer à une meilleure santé ne sont toujours pas clairs. D’après les auteurs, il est possible que les cellules graisseuses brunes consomment du glucose pour brûler des calories, abaissant au passage le taux de glycémie, qui est un facteur de risque majeur de développement du diabète. En revanche, ce processus ne peut tout expliquer. « Nous envisageons la possibilité que le tissu adipeux brun fasse plus que de simplement consommer du glucose et brûler des calories« , note le chercheur. Des travaux supplémentaires seront ici nécessaires pour le déterminer.

Les auteurs prévoient également de se focaliser sur des variantes génétiques capables d’expliquer pourquoi certaines personnes ont plus de tissus adipeux bruns que d’autres et visent à répondre à la fameuse question que tout le monde se pose dorénavant : « Que puis-je faire pour obtenir plus de graisse brune ?« .