Les aliments fermentés stimulent la diversité du microbiome et améliorent les réponses immunitaires

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Crédits : SoFuego/Pixabay

Une récente étude publiée dans la revue Cell suggère qu’en l’espace de quelques semaines une alimentation riche en aliments fermentés améliore la diversité du microbiome intestinal ainsi que les réponses immunitaires.

Les bactéries intestinales sont tellement importantes pour notre santé que certains les considèrent comme un organe à part entière. Elles digèrent nos aliments, neutralisent certains des sous-produits toxiques du processus digestif et nous protègent de certaines maladies. Une faible diversité microbienne dans nos intestins a notamment été liée à l’obésité et au diabète. Dans le cadre de récents travaux, des chercheurs de l’Université de Stanford (États-Unis) se sont intéressés à la manière dont l’alimentation pouvait ou non influencer la composition de ce microbiome. 

« Nous voulions mener une étude de validation de principe qui pourrait tester si les aliments ciblés sur le microbiote pourraient être un moyen de lutter contre l’augmentation écrasante des maladies inflammatoires chroniques« , précise le Dr. Christopher Gardner, Directeur des études de nutrition au Stanford Prevention Research Center.

Pour cette recherche, l’équipe s’est concentrée sur deux régimes, l’un riches en fibres, l’autre riche en aliments fermentés. À noter que des études précédentes ont déjà rapporté les bienfaits de ces derniers pour la santé.

Dans un essai clinique, les chercheurs ont recruté trente-six adultes en bonne santé qui ont été assignés au hasard à l’un des deux régimes pendant dix semaines. Des analyses de sang et de selles ont ensuite été réalisées. Les chercheurs ont ainsi analysé des échantillons de sang et de selles au cours d’une période de pré-essai de trois semaines, pendant les dix semaines de l’étude mais aussi durant une période de quatre semaines suivant chaque régime.

Ces deux approches ont alors eu des effets différents sur le microbiome intestinal et le système immunitaire.

Diversité microbienne et réponses immunitaires

D’une part, la consommation d’aliments fermentés, tels que des yogourts, du kéfir, du fromage cottage fermenté, du kimchi et autres légumes fermentés a entraîné une augmentation de la diversité microbienne globale. En outre, plus les portions étaient importantes, plus les effets l’étaient également.

« C’est une découverte étonnante« , a déclaré Justin Sonnenburg, Professeur agrégé de microbiologie et d’immunologie et co-auteur de ces travaux. « Cela fournit l’un des premiers exemples de la façon dont un simple changement de régime alimentaire peut remodeler de manière reproductible le microbiote dans une cohorte d’adultes en bonne santé« .

De plus, quatre types de cellules immunitaires ont montré moins d’activation dans le groupe soumis au régime fermenté. Enfin, les niveaux de dix-neuf protéines inflammatoires mesurés dans des échantillons de sang ont également diminué. L’une d’elles, l’interleukine 6, a déjà été associée à des affections telles que la polyarthrite rhumatoïde, le diabète de type 2 et le stress chronique, soulignent les chercheurs.

Ainsi, pour le Dr. Gardner, les régimes alimentaires ciblés sur le microbiote peuvent donc « modifier l’état immunitaire, offrant une voie prometteuse pour réduire l’inflammation chez les adultes en bonne santé« .

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Le kimchi, un mets traditionnel coréen composé de piments et de légumes lacto-fermentés (trempés dans de la saumure). Crédits : Jeremy Keith

À court terme, pas de changements pour le régime riche en fibres

À l’inverse, aucune de ces 19 protéines inflammatoires n’a diminué chez les participants soumis au régime riche en fibres (légumineuses, graines, grains entiers, noix, légumes et fruits). En moyenne, la diversité de leurs microbes intestinaux est également restée stable.

« Nous nous attendions à ce que la teneur élevée en fibres ait un effet bénéfique plus universel et augmente la diversité du microbiote« , a déclaré Erica Sonnenburg , co-auteure de l’étude. « Les données suggèrent qu’une augmentation de l’apport en fibres à elle seule sur une courte période est insuffisante pour augmenter la diversité du microbiote ».

Notez que cette étude a été menée sur une très courte période. Aussi, une exposition plus longue à ces fibres pourrait permettre au microbiote de s’adapter de manière adéquate à l’augmentation de la consommation de fibres. « Alternativement, note la chercheuse, l’introduction délibérée de microbes consommateurs de fibres peut être nécessaire pour augmenter la capacité du microbiote à les décomposer« .