Bien plus fine qu’on ne le pensait, la banquise d’Encelade pourrait bien cacher des secrets

Crédits : NASA

La banquise d’Encelade, petite lune de Saturne, serait bien plus fine qu’on ne le pensait jusque-là, selon un nouveau modèle. Au Pôle Sud notamment, l’océan souterrain d’où proviennent les geysers ne serait situé qu’à quelques kilomètres sous la surface.

Avec ses 500 kilomètres de diamètre seulement, Encelade est une toute petite lune de Saturne, qui intrigue pourtant les scientifiques notamment depuis les premières observations de geysers qui fusent de cette lune de glace, en 2005, après l’arrivée de la sonde Cassini dans l’environnement de Saturne. Selon un nouveau modèle élaboré par des chercheurs tchèques, belges et français, la couche de glace qui cache un océan souterrain est bien moins épaisse que prévu, 18 à 22 km en moyenne, et même jusqu’à 1,5 km à son pôle Sud, la région dite des « rayures du tigre », striée de failles d’où émergent ces geysers.

« Jusqu’à présent, il fallait imaginer une couche de glace de 30 à 60 km d’épaisseur pour expliquer les données gravimétriques et topographiques récoltées par la sonde Cassini. Mais cela collait assez mal avec la composition des geysers, qui pointaient plutôt vers une source unique, donc un océan global, pas trop profond sous la glace« , explique le planétologue Gabriel Tobie, de l’université de Nantes, et coauteur de l’étude sur ce petit monde potentiellement habitable, situé à un peu plus d’un milliard de kilomètres, publiée dans la revue Geophysical Research Letters.

Les autres données obtenues grâce à ce nouveau modèle sont que son noyau rocheux aurait un rayon compris entre 180 et 185 km, l’océan qui le recouvre ferait environ 45 km d’épaisseur et sa teneur en sel serait équivalente à celle des océans terrestres, et les 200 premiers mètres de la couche de glace fonctionnent comme une coquille élastique. « Ce modèle renforce donc l’idée d’une intense production de chaleur dans l’intérieur profond d’Encelade, ce qui serait à l’origine de sources d’eau chaude sur son plancher océanique », indique le communiqué du CNRS.

Des nouvelles données qui permettent à Encelade d’être plus que jamais un candidat pour une mission spatiale visant à y chercher la présence d’une vie extraterrestre. De plus, « Si la couche de glace ne fait que quelques kilomètres aux pôles, il devient possible de voir l’interface entre l’océan et la glace avec un radar » se réjouit Gabriel Tobie.

Source : s&a, futurasciences