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Un béton photocatalytique pour purifier l’air des tunnels

En Corée du Sud, des ingénieurs ont mis au point un matériau de construction photocatalytique dont l’objectif est d’assainir l’air à l’intérieur des tunnels routiers. Selon ses créateurs, ce nouveau type de béton est en effet capable d’assurer la décomposition des polluants.

Un béton « purificateur »

Les tunnels représentent un moyen pratique, efficace et durable de fluidifier la circulation des véhicules dans les villes. Toutefois, ils empoisonnent les automobilistes en raison d’une importante concentration de pollution dans l’air. En 2016, le Centre d’Études des Tunnels (CETU) en France publiait en ce sens un rapport qui évoquait longuement le traitement de l’air dans les tunnels routiers. Or, il faut savoir que cet air contient entre autres des oxydes d’azote, des oxydes de soufre ainsi que du carbone suie.

Des ingénieurs de l’Institut coréen du génie civil et de la technologie de la construction (KICT) détiennent néanmoins peut-être la solution à ce problème qui préoccupe les autorités depuis un certain temps. Publiée dans la revue KoreaScience en 2022, l’innovation des chercheurs n’est autre qu’un béton photocatalytique. Il s’agit d’un nouveau matériau de construction capable de détruire les polluants qu’émettent les véhicules grâce au processus de photocatalyse.

Selon les responsables de projet, le béton génère à l’aide de rayons lumineux des espèces réactives de l’oxygène (ROS) qui ont un important pouvoir oxydant. Ainsi, ces ROS transforment les précurseurs de particules fines, comme les NOx et autres SOx, en substances qui ne présentent plus aucun danger.

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Des résultats encourageants

Les chercheurs ont déjà testé ce béton au niveau des parois intérieures du tunnel Banpo à Séoul, la capitale sud-coréenne. Les rayons lumineux nécessaires à la réaction photocatalytique provenaient de dispositifs d’éclairage installés pour l’occasion. C’est d’ailleurs logique dans la mesure où dans les tunnels d’une certaine longueur, la lumière naturelle ne pénètre pas. Selon les résultats, la concentration d’oxyde d’azote a été réduite d’environ 18 % sur une période de 24 h. Par ailleurs, les ingénieurs ont remarqué la formation de sel résultant de la réaction chimique, mais également que les produits de dégradation photocatalytique sont facilement évacués grâce aux précipitations.

Si les photocatalyseurs sont déjà connus pour leur capacité à éliminer les particules fines dans l’air, ils restent encore rares dans le secteur de la construction. La principale raison de ce manque d’intérêt est d’ordre financier. Néanmoins, les chercheurs à l’origine de l’étude semblent avoir réussi à obtenir une certaine rentabilité grâce à leur propre procédé de production à grande échelle. De plus, le béton en question ne nécessite pas d’entretien onéreux après installation. Ils poursuivent néanmoins encore leurs travaux afin d’améliorer les performances de ce matériau et espèrent déboucher sur une commercialisation. Un nouveau test en conditions réelles est d’ailleurs actuellement mené dans ce but dans la province de Gyeonggi-do, à l’est de Séoul.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.