Surprise : Bételgeuse est plus petite et plus proche qu’on ne le pensait

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La géante rouge Bételgeuse. Crédits : ALMA (ESO / NAOJ / NRAO) / E. O'Gorman / P. Kervella

Une étude récente confirme que Bételgeuse a encore quelques dizaines de milliers d’années devant elle avant de mourir. Ces travaux nous apprennent également que la supergéante est en réalité plus petite et plus proche que prévu.

Située dans la constellation d’Orion, Bételgeuse est une supergéante rouge en fin de vie. Du point de vue cosmologique, son explosion en supernova est donc « imminente », d’où l’intérêt des chercheurs lorsque l’étoile a présenté des « signes d’instabilité » il y a quelques mois. Entre les mois de janvier et mars 2020, des télescopes ont en effet enregistré à deux reprises des baisses très importantes de sa luminosité.

Pour expliquer ces gradations soudaines, deux explications principales avaient alors été avancées. La première suggérait que Bételgeuse, qui est une étoile dite « variable », avait simplement essuyé un épisode de fluctuation exceptionnelle, tandis que la seconde proposait que l’objet, qui émet en permanence de forts vents stellaires, avait émis une grosse bouffée de gaz et de poussière.

Bételgeuse « joue les prolongations »

Dans le cadre d’une étude, des chercheurs de l’Université nationale australienne (ANU) ont confirmé l’origine de ces deux épisodes récemment enregistrés. « Nous savons que le premier événement de gradation impliquait un nuage de poussière, tandis que le second événement, plus petit, était probablement dû aux pulsations naturelles de l’étoile« , explique l’astrophysicienne Meridith Joyce, principale auteure de ces travaux.

Les chercheurs se sont également appuyés sur des modélisations hydrodynamiques et sismiques pour tenter d’en savoir plus sur la physique à l’origine de ces pulsations. D’après ces analyses, il semblerait que Bételgeuse brûle encore de l’hélium dans son noyau. Autrement dit, cela signifie que l’étoile n’explosera pas de sitôt. « Pas avant au moins 100 000 ans« , assure Meridith Joyce.

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Sur cette image “avant et après”, la luminosité de l’étoile paraît uniforme en janvier 2019. En revanche, elle semble s’estomper dans l’hémisphère sud au mois de décembre suivant. Crédits : ESO

Plus petite et plus proche

En plus de nous préciser la durée de vie restante de la supergéante rouge, ces travaux ont également révélé celle-ci était en réalité plus petite que prévu.

« La taille physique réelle de Bételgeuse a toujours été un peu mystérieuse. Des études antérieures suggéraient qu’elle pourrait être plus grande que l’orbite de Jupiter« , rappelle László Molnár, coauteur de l’étude. « Nos résultats indiquent que l’étoile ne s’étend en réalité qu’aux deux tiers de celle-ci, avec un rayon de 750 fois le rayon du soleil« .

Ces nouvelles connaissances en mains, les chercheurs ont ensuite pu déterminer la distance de Bételgeuse par rapport à la Terre. « Nos résultats montrent qu’elle n’est qu’à 530 années-lumière de nous, soit 25% plus près que la pensée précédente« , assure le Dr Molnár.

L’étoile étant positionnée relativement proche de la Terre, nous savons que son trépas garantira à nos descendants du grand spectacle. D’après de récents calculs signés de chercheurs de l’Université de Californie à Santa Barbara (États-Unis), l’énergie dégagée par l’explosion de Bételgeuse pourrait être équivalente à environ dix milliards de fois celle du Soleil. Il s’agira d’une déflagration si puissante que l’étoile pourrait briller autant qu’un premier quartier de Lune pendant au moins trois mois.