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Une image de Bételgeuse depuis l'Andalousie. Crédits : Javier Zayas Photography

Bételgeuse : la mystérieuse étoile cachée qui pourrait tout changer

Bételgeuse, l’une des étoiles les plus célèbres du ciel nocturne, a longtemps été au centre de théories fascinantes. On la croyait prête à exploser en supernova, ce qui offrirait un spectacle lumineux visible depuis la Terre en plein jour. Mais une nouvelle étude surprenante vient remettre cette hypothèse en question. Selon des astronomes, une étoile compagne cachée, surnommée « Betelbuddy », pourrait expliquer les étranges variations de luminosité de la supergéante rouge.

Une étoile pas comme les autres

Bételgeuse est l’une des étoiles les plus emblématiques et les plus brillantes du ciel nocturne. Elle est située dans la célèbre constellation d’Orion. Visible à l’œil nu, elle occupe la position de l’épaule droite du chasseur dans cette constellation.

Ce qui rend Bételgeuse particulièrement fascinante, c’est qu’il s’agit d’une supergéante rouge, l’un des types d’étoiles les plus massifs et les plus brillants que l’on connaisse. À cette étape de son évolution, elle a épuisé une grande partie de son combustible nucléaire et est entrée dans une phase où elle gonfle et se refroidit, donnant à son rayonnement une couleur rougeâtre.

La taille et la luminosité de Bételgeuse sont stupéfiantes : elle est environ 100 000 fois plus brillante que notre Soleil, ce qui la rend visible même à des centaines d’années-lumière de distance. Quant à son volume, il dépasse l’imagination : si on plaçait Bételgeuse au centre de notre système solaire, elle engloutirait les orbites de Mercure, Vénus, la Terre, et même Mars, car son diamètre est 700 fois plus grand que celui de notre Soleil.

Par ailleurs, Bételgeuse est devenue un objet d’observation majeur pour les astronomes au cours de ces dernières années en raison de variations de luminosité inhabituelles suscitant des spéculations sur une explosion imminente en supernova. Un tel événement serait extraordinaire, promettant d’illuminer notre ciel pendant des semaines. Cependant, ces variations de lumière pourraient avoir une tout autre explication.

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L’étoile Bételgeuse. Crédits : ALMA (ESO / NAOJ / NRAO) / E. O’Gorman / P. Kervella

Une étoile compagne ?

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer ces variations. On pensait notamment que ces fluctuations de luminosité pouvaient être causées par des phénomènes internes. Comme de nombreuses étoiles en fin de vie, Bételgeuse traverse en effet des cycles de pulsation où elle se dilate et se contracte régulièrement. Ces pulsations, liées à la fusion de l’hydrogène en son cœur, provoquent des variations de luminosité. Cependant, les changements observés étaient trop irréguliers pour correspondre uniquement à ce modèle.

D’autres hypothèses ont ensuite été formulées. Certains chercheurs ont suggéré qu’un nuage de poussière interstellaire, formé par l’étoile elle-même dans ses dernières phases de vie, pourrait notamment bloquer temporairement la lumière que nous recevons sur Terre. Ce nuage pourrait alors expliquer les périodes d’assombrissement soudain de Bételgeuse. Mais cette explication s’est révélée insuffisante pour rendre compte de la complexité des variations lumineuses.

Plus récemment, une percée est survenue grâce aux travaux d’une équipe dirigée par l’astrophysicien Jared Goldberg. Leur proposition : et si Bételgeuse n’était pas seule ? Grâce à des modèles informatiques sophistiqués et des observations avancées, les chercheurs ont écarté les théories des phénomènes internes et de la poussière isolée. Selon leurs simulations, la seule explication qui correspond aux données est la présence d’une étoile compagne invisible.

Baptisée « Betelbuddy » par l’équipe, cette étoile compagne agirait comme un « chasse-neige » cosmique. En orbite autour de Bételgeuse, elle repousserait la poussière entourant la supergéante rouge, influençant ainsi la lumière qui parvient jusqu’à nous. Quand Betelbuddy disperse cette poussière, Bételgeuse paraît plus brillante ; à l’inverse, quand la poussière s’accumule, l’étoile semble s’assombrir. Ce processus serait à l’origine des fluctuations de luminosité que les astronomes observent depuis des années.

Pourquoi cette avancée est-elle importante ?

Cette idée d’une étoile compagne change complètement la perspective sur l’avenir de Bételgeuse. Contrairement aux spéculations précédentes, cette étoile géante rouge n’est probablement pas prête à exploser en supernova dans un avenir proche. Cela ne signifie pas que l’explosion n’aura jamais lieu, mais qu’elle pourrait se produire bien plus tard que prévu.

La présence de cette étoile compagne permet aussi de mieux comprendre les processus complexes qui affectent la luminosité de Bételgeuse. Les scientifiques pensent que des interactions similaires pourraient être à l’œuvre dans d’autres étoiles géantes rouges, ce qui ouvre de nouvelles pistes de recherche.

Cependant, bien que cette hypothèse semble solide, elle repose pour l’instant sur des simulations et des calculs. La prochaine étape pour les chercheurs sera donc d’essayer d’observer directement « Betelbuddy ». En décembre 2024, une fenêtre d’observation s’ouvrira, donnant aux astronomes une chance de capturer des images directes de cette étoile compagne avec des télescopes puissants.

En attendant, l’équipe continue de collaborer avec des experts en astrophysique et d’affiner ses modèles pour mieux comprendre l’interaction entre Bételgeuse et sa mystérieuse compagne. La science d’équipe a été essentielle dans cette avancée, réunissant des experts de plusieurs institutions, ce qui montre bien que la recherche collaborative est la clé pour résoudre des mystères aussi complexes.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.